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Vingt ans après, le Maroc se souvient du traumatisme des attentats-suicides de Casablanca

"Il est important de s’accrocher à la vie malgré la souffrance". Souad El Khammal se souvient avec amertume de la mort de son mari et de son fils lors des attentats-suicides de Casablanca le 16 mai 2003, l'attaque terroriste la plus meurtrière de l'histoire du royaume qui a fait 33 morts.

(AFP) - Pour ce 20e anniversaire, des familles de victimes, des acteurs associatifs et des représentants des communautés musulmane, juive et chrétienne se sont à nouveau rassemblés devant une stèle commémorative sur une place emblématique de Casablanca, selon des journalistes de l'AFP.

"Chaque année, nous nous tenons debout devant cette stèle pour ne jamais oublier", explique Souad El Khammal, la présidente de l'Association marocaine des victimes du terrorisme (AMVT).

"Si on les oubliait, ce serait une autre victoire du terrorisme. C’est une manière aussi de dire qu’il est important de s’accrocher à la vie malgré la souffrance", souligne-t-elle.

Le 16 mai 2003, un vendredi, la capitale économique est secouée par cinq attentats-suicides quasi simultanés qui visent un restaurant touristique, des cibles juives ainsi que le consulat de Belgique.

Au total 33 personnes périssent, des civils, et une centaine sont blessées, sans compter les 12 kamikazes qui se font sauter. Ces derniers sont issus de quartiers déshérités de Casablanca.

La grande majorité des victimes sont de nationalité marocaine. Trois Français, deux Espagnols et un Italien trouvent la mort dans les explosions.

Le traumatisme est énorme.

"Le 16 mai vit avec moi quotidiennement. Je résiste avec beaucoup d’effort. Et je prie Dieu pour que ce drame ne se reproduise pas", confie Fiach Mesbah, qui a perdu un oeil et l'odorat il y a 20 ans.

Islam du «juste milieu»

Au lendemain de ces attentats, attribués à Al Qaïda, près de 1 000 salafistes sont condamnés par des tribunaux marocains, dont 17 à la peine de mort, une sentence qui n'est plus exécutée depuis 1993.

Par la suite, le Maroc muscle son dispositif sécuritaire et renforce sa législation en matière de lutte antiterroriste.

Le pays maghrébin sera toutefois à nouveau meurtri par un sanglant attentat à la bombe le 28 avril 2011 à Marrakech, haut-lieu touristique, qui fait 17 morts, dont des visiteurs étrangers.

Mardi matin, une quarantaine de militants salafistes (partisans d'un islam rigoriste : ndlr) ont manifesté devant le parlement à Rabat, exigeant la libération des derniers détenus liés aux attentats de Casablanca, estimés à "une cinquantaine", selon Abderahim El Ghazali, porte-parole d'un comité de soutien à ces prisonniers.

Ce comité appelle à "une enquête impartiale permettant d'identifier les véritables responsables de ces attaques que nous condamnons", a déclaré M. El Ghazali en marge du sit-in autorisé par les autorités.

Si le royaume a été épargné ces dernières années par les violences liées aux groupes djihadistes, ses services de sécurité font régulièrement état de coups de filet anti-djihadistes et de projets d'attentat déjoués.

Le Bureau central d'investigations judiciaires (BCIJ), chargé de combattre l'extrémiste islamiste, a démantelé "90 cellules terroristes" depuis sa création en 2015, a indiqué récemment son directeur Habboub Cherkaoui dans un entretien avec le site Hespress.

Ces opérations ont permis l'arrestation de plus de 1 500 personnes, dont 35 mineurs et 14 femmes, selon le patron du BCIJ.

Enfin, autre conséquence de la tuerie de Casablanca, parallèlement au renforcement du dispositif sécuritaire, le Maroc a mis en place une politique religieuse volontariste visant à promouvoir les principes d’un islam modéré, dit du "juste milieu", afin de lutter contre le prosélytisme extrémiste.

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