Maglor - La communauté marocaine résidant aux Pays-Bas, comme beaucoup d’autres communautés musulmanes en Europe, espérait que le nouveau gouvernement néerlandais adopterait des mesures visant à interdire la profanation du Coran, une pratique perçue comme une provocation dangereuse, alimentée par l’extrême droite. Pourtant, deux mois après son arrivée au pouvoir, le gouvernement néerlandais a clairement indiqué, mardi dernier, qu’il ne légiférerait pas contre les actes de brûlure des livres religieux, y compris le Coran.
Lors d’un débat public, le ministre de la Justice et de la Sécurité, Dilan Yeşilgöz-Zegerius, a déclaré que bien que son gouvernement juge les actes de profanation « répréhensibles », la liberté d’expression reste un principe fondamental auquel il est fermement attaché. Cette prise de position réitère celle du précédent gouvernement, qui s’était déjà opposé à l’instauration d’une loi interdisant ces actes.
Un signal inquiétant pour les extrémistes
L’annonce a suscité des inquiétudes parmi les analystes et les leaders d’opinion. Certains estiment que ce refus d'agir pourrait être interprété comme un encouragement tacite pour les extrémistes de droite, renforçant leur sentiment d’impunité. Le chercheur en pensée islamique, Driss El Kanbouri, a fermement dénoncé l’argument du gouvernement néerlandais, soulignant que la liberté d’expression ne devrait jamais servir de justification pour manquer de respect aux croyances religieuses.
« Cette décision envoie un signal dangereux à l’extrême droite », a déclaré El Kanbouri. « En l’absence de législation pour contrer ces provocations, les attaques contre les symboles religieux risquent de se multiplier, exacerbant les tensions au sein de la société néerlandaise et menaçant non seulement la sécurité spirituelle des Marocains, mais aussi leur sécurité physique. »
La résilience de la communauté marocaine
Malgré ces provocations, certains observateurs estiment que la communauté marocaine aux Pays-Bas, forte de ses traditions de modération religieuse et de tolérance, reste largement résiliente. Abdellah Boussouf, secrétaire général du Conseil de la communauté marocaine à l’étranger, a souligné que, bien que ces actes de profanation soient profondément blessants, ils ne compromettent pas la solidité spirituelle de la communauté marocaine.
« Le modèle de modération religieuse prôné par le Maroc, basé sur le dialogue et l’ouverture, protège les Marocains de la tentation de répondre à la provocation par la violence », a déclaré Boussouf. Il a également rappelé le rôle crucial de la Commanderie des croyants au Maroc, qui assure un encadrement spirituel pour les Marocains de la diaspora, ainsi que le soutien des institutions religieuses marocaines, qui aident à maintenir un équilibre spirituel en toutes circonstances.
Appel à la retenue
Boussouf a également exhorté les Marocains des Pays-Bas à continuer de faire preuve de patience et de retenue face aux provocations. « Répondre à la haine par la haine ne fera qu’aggraver la situation. Il est essentiel de rester attaché aux principes de tolérance et de paix », a-t-il insisté. Il a rappelé que malgré la montée des mouvements d’extrême droite, les sociétés européennes, dans leur majorité, restent ouvertes et respectueuses des croyances religieuses, et qu’il est possible d’y vivre dans la paix et la dignité.
Ainsi, malgré la déception face à la décision du gouvernement néerlandais, la communauté marocaine aux Pays-Bas semble déterminée à maintenir son engagement envers la paix et la tolérance, en s’appuyant sur ses valeurs de modération religieuse.