
C'est l'histoire d'un rêve brisé. Le skieur de fond marocain Abderrahim Kemmissa, sportif de haut niveau de la station française Col de Porte, qualifié en un temps record pour les Jeux olympiques d'hiver à Pékin, n'est finalement pas autorisé à participer à la compétition internationale. En cause, l'absence d'un quota permettant la participation du Maroc aux épreuves de ski de fond.
Il est des déceptions plus grandes que d’autres pour les sportifs de haut niveau. L’année 2022 était pleine de promesses pour le skieur de fond Abderrahim Kemmissa, qualifié pour la première fois de sa carrière aux Jeux olympiques d’hiver de Pékin, en ski de fond.
En 2021, le fondeur a enchaîné les performances, au Kazakhstan, en Italie, en France et en Turquie et récolté en moins d’une année les points nécessaires pour se qualifier aux JO de Pékin. Du jamais vu pour un skieur de fond marocain.
À l'image de sa carrière fulgurante, l'athlète devait s’envoler vers Pékin samedi 29 janvier. Mais trois jours plus tôt, il apprend qu’il ne participera finalement pas aux Jeux olympiques d’hiver.
La Fédération Royale Marocaine de Ski et Sports de Montagne a appris trop tard qu’elle aurait dû inscrire au moins l’un de ses deux fondeurs à un championnat du monde organisé en Allemagne, en février 2021. Sans la participation du Maroc à cette compétition, impossible d’obtenir un quota pour que les deux skieurs de fond puissent concourir aux Jeux olympiques d’hiver.
La déception est intense pour Abderrahim Kemmissa. Il affirme qu’il n’était pas en possession de sa licence à l’époque et qu’il n’aurait pas pu participer au championnat, quand bien même il aurait été au courant de son caractère obligatoire.
De son côté, la FIS, la Fédération Internationale de Ski, affirme que son règlement, publié en mai 2021, stipulait le caractère obligatoire des championnats mondiaux en Allemagne ou en Finlande. En revanche, le championnat d'Italie de septembre dernier auquel a participé Abderrahim Kemmissa ne comptait pas pour qualification aux Jeux olympiques d'hiver.
Le jeune skieur de 27 ans regrette le manque de clarté du règlement de la FIS, la Fédération internationale de ski, mais aussi la mise en place de quotas qui ne concerneraient que « les petites nations », selon l’athlète. Pour lui comme pour son collègue marocain Jawad Aidaoui, l’aventure des Jeux olympiques d’hiver se termine avant même d’avoir commencé. Il vise désormais les Jeux Olympiques de 2026.
Arrivé sur Grenoble il y a cinq ans et demi pour rejoindre sa compagne, « Abdou », comme il est surnommé, n’a toutefois pas découvert la neige dans la capitale des Alpes. « J’ai grandi à Oukaïmeden (la plus grande station de ski de son pays, dont les pistes s’étagent entre 2 600 et 3 200 m d’altitude, ndlr) et j’ai d’abord passé huit ans en équipe du Maroc de ski alpin. J’ai aussi fait du trail et du ski-alpinisme à haut niveau. Je faisais deux ou trois séances de ski de fond par mois lorsque je suis arrivé en France, mais c’était plutôt des séances de récupération dans le cadre de mon entraînement en ski-alpinisme. »
Étienne Rollin, son entraîneur, complète : « Le projet initial était de passer son monitorat de ski nordique. C’est pour cela que je l’entraînais. Puis, petit à petit, on s’est dit qu’il pourrait peut-être participer aux Jeux olympiques. » Kemmissa, pisteur au Col de Porte (et/ou au Sappey, selon l’enneigement) depuis trois saisons, s’entraîne six jours sur sept avant ou après le travail, entre 6 h 30 et 8 h 30 ou entre 16 h et 18 h. « Il est super volontaire, consciencieux, mais pas du tout stressé. Il prend les choses comme elles viennent », précise Étienne Rollin.