
Les Français d’origine marocaine, algérienne et autres résidant en France redoutent l’élection de la candidate du Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, qui affronte Emmanuel Macron au second tour de la présidentielle 2022.
« […] Si Marine Le Pen passe, ça va être chaud pour les gens basanés comme nous. […] Le délit de faciès est quotidien. Surtout ici dans les campagnes », s’inquiète auprès de Sud Ouest Sofian, Français d’origine algérienne, qui discute avec Yanis dans la rue des Cieutat. Tout comme lui ils sont nombreux ces étrangers ou Français d’origine marocaine, algérienne à exprimer les mêmes inquiétudes. « D’un côté c’est triste, de l’autre, on s’habitue », analyse Abdelkader, un Marocain arrivé en France à l’âge de 19 ans « avec un contrat de travail à Saint-Étienne-de-Fougères » et qui s’y est établi sans jamais retourner au Maroc.
À 72 ans, ce MRE qui a travaillé en tant que chauffeur de camion, dans un abattoir, de l’agricole, aux PTT, et dont les enfants sont nés dans la bastide redoute que l’élection de la candidate de l’extrême droite fasse basculer sa vie. « Si elle [Marine Le Pen] fait ce qu’elle dit, c’est pas bon pour nous. Mais elle veut me renvoyer dans mon pays ? », craint le septuagénaire. Aziz, un vendeur ambulant de nationalité espagnole né au Maroc se demande si Marine Le Pen mettra – si elle est élue – son projet de « référendum sur l’immigration » à exécution. « Son discours sur les migrants, c’est fait pour monter. Une fois élue, si elle l’est, est-ce qu’elle le fera ? »
Des Marocains prêts à quitter la France
Bien avant le second tour, et alors qu'Eric Zemmour était encore candidat, des Marocains avaient déjà exprimé leur crainte.
« Si Zemmour ou Le Pen prennent les clés de l’Élysée, je quitte avec dignité la France », affirme Halima, maman divorcée de trois filles, résidente en France, interrogée par Le Point Afrique. Zemmour avait annoncé la création d’un « ministère de la remigration et a menacé de renvoyer 100 000 étrangers indésirables annuellement. Je ne suis pas une indésirable ! » affirme-t-elle. Sa fille, Houda, exprime le même ressenti. « Avec Le Pen, je ne pourrai pas avoir la nationalité française, ni avoir recours au regroupement familial. Demander un visa français sera difficile. Pas de droit d’asile. Et par-dessus tout, la prétendante à la présidence compte m’ôter mon voile ! » Elle espère de tout cœur que la candidate du Rassemblement national ne remportera pas l’élection présidentielle.
Pour Hicham, agronome qui vit en France depuis maintenant quatre ans, le choix est le même : quitter la France où il ne se sentirait plus chez lui si l’un des candidats d’extrême droite (Marine Le Pen, Éric Zemmour) devenait président de la République française. « En tant que Marocain résident en France, j’aimerais me sentir comme chez moi. L’époque du racisme est révolue. Si le président lui-même est raciste et ne veut pas de Maghrébins dans son pays, à quoi bon rêver d’une vie en France. Je préfère aller dans d’autres pays qui n’ont pas le complexe du Maghrébin », confie-t-il.