
Depuis la décision du palais de faire profiter les Marocains résidant à l’étranger de remises exceptionnelles pour leur permettre de retourner au Maroc après une année de covid-19 difficile à tous les niveaux, l’engouement pour leur retour a été vif, ils ont été vus comme les sauveurs de l’été 2021. Mais sont-ils vraiment de bons touristes? Hespress répond à cette question.
(Hespress) - L’annonce surprise de la baisse des prix des billets d’avion et de bateau du 15 juin au 15 septembre pour les Marocains de l’Etranger, en plus de baisses de prix des nuitées d’hôtels, allant jusqu’à 30% a fait l’effet d’une bombe.
Il n’aura fallu que quelques heures pour que les Marocains prennent d’assaut les agences des voyages dans plusieurs pays de l’Union européenne. Entre l’annonce de la décision et la journée suivante, déjà plus de 120.000 réservations de vols vers le Maroc ont été enregistrées via la Royal Air Maroc.
Les files d’attentes devant les agences pour réserver leur vols via la compagnie aérienne nationale la Royal Air Maroc étaient impressionnantes et ont ravivé un sentiment patriotisme chez tous les Marocains.
Et alors que les économistes et les spécialistes ont indiqué que cette décision visant à remettre à flot le tourisme au Maroc était hautement stratégique, certains ont toutefois nuancé leurs prévisions quant au gain final pour le pays en termes de rentrées de devises.
Car s’il est vrai que les MRE dépensent de l’argent en rentrant au pays durant les trois mois de l’été, ils ne dépensent pas autant qu’on pourrait le croire et sans doute pas autant que les Marocains résidents de longue durée qui, portent le secteur du tourisme tout le long de l’année et doublement pendant l’été.
Au niveau du secteur du tourisme dans sa globalité, selon l’économiste Driss Effina, le Maroc pourra retrouver un niveau allant jusqu’à 70% ou 80% de la situation avant covid. Le Maroc attend beaucoup de ses 5 millions de MRE pour sauver sa saison touristique. Trois millions d’entre eux reviennent chaque année au Maroc pour les vacances d’été et représentent presque 50% des clients de l’industrie touristique au pays, selon les experts.
Les MRE vont en famille et pas à l'hôtel
Mais ces 3 millions de MRE ne vont pas tous à l’hôtel, la plupart privilégient l’hébergement chez la grande famille, les parents ou les frères et sœurs pendant tout le long de leur séjour. En outre, face au prix élevé des nuitées à l’hôtel au Maroc, de nombreux marocains ont été séduits par les offres de logements économiques ou les résidences balnéaires qui florissent dans toutes les villes côtières. Des logements qu’ils louent aussi le restant de l’année.
Quant à la consommation des produits locaux et la participation à l’économie nationale, là aussi, les MRE ne sont pas de grands consommateurs contrairement aux touristes étrangers par exemple. S’ils achètent des souvenirs, des légumes et des fruits, et se font des cafés et des restaurants, pour la plupart des produits de base, ils les ramènent dans leurs bagages.
C’est le cas pour les confitures, le café, les biscuits, les conserves, les produits d’hygiène comme les shampoings et les gels douche et autres produits non périssables qui coûtent souvent moins cher dans leur pays d’adoption et dont les familles ici au Maroc raffolent puisqu’ils coutent plus cher.
Néanmoins, le Maroc va gagner au niveau de la logistique liée au secteur touristique comme les taxis, les trains, les autocars, les piscines, les cafés et restaurants etc, comme l’a noté l’économiste Omar Kettani et cela permettra aussi de renflouer les réserves en devise qui ont baissé au Maroc, passant de 7 à 4 mois. « Cette arrivée des MRE va permettre de renouveler ces réserves », a-t-il noté.
Au final, c’est d’ores et déjà un bilan mitigé pour la saison touristique au Maroc pour cet été 2021. Le Royaume va certainement sauver sa saison touristique et gagner à voir ses ressortissants choisir de revenir au pays plutôt que d’aller ailleurs pour leurs vacances, mais les baisses des prix qui leur ont été réservées pour les billets d’avion et de bateau vont quand-même coûter 4,5 milliards de DH à l’Etat, et la question de la manière avec laquelle l’Etat va combler ces pertes reste posée.