Les Paradoxes Marocains : L'Analyse Inspirée de Najib Lahlou sur la Vie et l'Évolution de Son Cher Maroc

Najib Lahlou, auteur franco-marocain basé à Paris, explore dans ses quatre volumes édités entre 2019 et 2022 la vie et l'évolution du Maroc. Son analyse d'aujourd'hui inspirée révèle le caractère complexe du pays, soulignant ses paradoxes et ses zones d'ombre. Lahlou met en lumière la capacité du peuple marocain à jongler avec les contradictions, illustrant cela à travers des exemples anecdotiques tels que les chansons populaires et les marchés. Il suggère que, vu de l'extérieur, le Maroc est souvent mal compris, mais les Marocains comprennent ses travers et contradictions. L'auteur met également en avant la force de l'identité marocaine, ancrée dans l'histoire et les gènes du peuple, malgré les critiques externes et internes. En fin de compte, Lahlou souligne la résilience du Maroc, renforcée par des valeurs telles que "Dieu, Patrie, Roi", même face aux épreuves du temps.

Voici le texte de Najib Lahlou  : 

Le Maroc : Âme forte, Identité forte.

Le monde est loin d’être simple. Le flux effarant d’informations qui  nous assaille tous les jours, et la variété très contrastée d’événements que nous vivons, nous poussent à interroger nos valeurs, nos repères et à la longue notre identité.
Cet état de fait nous oblige aussi à revoir nos priorités et nos habitudes. On doit légitimement rebattre nos cartes de nos choix tous les jours pour avancer. On choisit le court terme au détriment du long terme ? On sacrifie notre dignité pour répondre aux exigences de l’époque, voire de l’instant ? Ou on opte pour le juste en surface et on se dirige vers l’injuste dans le fond ? Ou inversement ?

Le génie marocain est incarné dans son paradoxe, dans ses zones d’ombre et dans « le tout à la fois ».

Deux exemples anecdotiques, mais fort symboliques illustrent parfaitement cette ingéniosité de vie des marocains. Le premier se trouve dans certaines chansons populaires. En espace de quelques minutes, on peut chanter Dieu et la crainte du jour du jugement, mais aussi s’extasier  pour l’ivresse, l’érotisme et la jeunesse. Et le pire c’est que tout le monde trouve la transition normale et faisant partie du décor festif marocain.
Le deuxième exemple est aussi fort symbolique. Il s’agit d’une habitude dans les marchés populaires, qui est assez répandue. On peut dépenser sans compter pour l’achat d’articles à plusieurs centaines de Dirhams, et en même temps on peut marchander âprement avec la pauvre dame qui vend des œufs ou de la menthe.
À vrai dire, on peut multiplier les exemples à l’infini, et même élargir le champs de réflexion à tous les secteurs de la vie des marocains (social, familial, politique, éducatif…). En fait le Maroc s’adapte, adhère et parfois « colle » aux enjeux du contexte.

Vu de l’extérieur, Notre Cher Maroc est autant critiqué qu’apprécié. Il n’y a que les marocains qui sont en mesure de déchiffrer ses travers et ses contradictions. Ils ont grandi avec et les poursuivent même quand ils le quittent. (On peut quitter le Maroc mais le Maroc ne nous quitte pas. Comme disait quelqu’un d’autre).
On peut croire qu’il est fragile ou au bord du gouffre, mais le Maroc a ses hommes et ses femmes de l’ombre, qui agissent dans la droiture, l’exemplarité, la résignation et l’invisibilité. Ils détiennent ses secrets et ses mystères, et prient pour que ses anges gardiens veillent toujours sur lui. Bref, ils nourrissent sa fameuse baraka. Cette face occulte échappe à ses ennemis et à ses détracteurs naïfs. À noter qu’ils nombreux ces ennemis. Ils sont généralement à l’extérieur du pays, mais parfois aussi à l’intérieur. Il faut dire que l’esprit du paradoxe et de contradiction peut les atteindre  aussi. Cet esprit de contradiction peut s’illustrer par des changements fréquents d’opinions, voire de valeurs morales. Ce n’est pas rare que les ennemis d’hier se transforment en amis repentis d’aujourd’hui et ce, tout en dévoilant les agissements anti-marocains qu’ils avaient failli commettre.
Ces volte-faces sont en fait des avertissements du destin. La baraka a ses limites et ceux qui jouent avec sa matière profonde et qui tentent de mettre en péril la vie et la dignité des citoyens ont intérêt à être prudents. La partie du Maroc qu’on nomme abusivement et injustement le Maroc oublié ou le Maroc « inutile » finit par prendre surface, surprendre voire même s’imposer dans certaines circonstances. Les secousses de l’Alhaouz avec ses élans de solidarité, et même récemment les nombreuses manifestations pour le peuple palestinien, en sont de parfaits exemples.

Le marocain n’est jamais « endormi », la vérité et la justice sont inscrites dans son histoire et dans ses gènes. Et c’est ce qui fait de lui un personnage avec une âme forte et une identité forte.


Plus que jamais, الله الوطن الملك (Dieu Patrie Roi) restent des piliers qui se renforcent de plus en plus avec le temps et ses épreuves.