
Le chef du gouvernement marocain a présidé, mardi 30 août, une réunion de la commission ministérielle pour les affaires des Marocains résidant à l’étranger et de la migration. Au menu des travaux, le projet d'assurer les bonnes conditions à une opérationnalisation de la feuille de route pour les Marocains du monde, annoncée par le roi Mohammed VI dans son discours du 20 août.
La réunion s’est conclue sur la nécessité «de procéder dans les meilleurs délais à la modernisation et la mise à niveau du cadre institutionnel relatif aux Marocains du monde, notamment en ce qui concerne la réorganisation du Conseil de la Communauté Marocaine à l’Etranger», indique un communiqué du gouvernement.
Pour rappel le Dahir n° 1-07-208, portant création du CCME, publié au Bulletin officiel n° 5602 du 7 février 2008, avait fixé le mandat des membres de l’institution consultative à 4 ans et celui du président à six ans renouvelable une seule fois. Le CCME a été longtemps épargné par la vague de renouvellement des élites des institutions consultatives, comme l'Instance Nationale de Probité de la Prévention et de la lutte contre la Corruption et le Conseil National des Droits de l’Homme. Le roi Mohammed VI avait nommé leurs actuels présidents en décembre 2018.
La réunion présidée par Aziz Akhannouch a également mis l’accent sur l’engagement du gouvernement «à œuvrer pour l’intégration de la participation des membres de la communauté marocaine résidant à l’étranger aux instances de gouvernance et aux institutions consultatives».
Les annonces d'Abdellah Boussouf, secrétaire général du CCME
«Nous allons élaborer un projet de loi qui constituera un nouveau départ vers de nouvelles actions appropriées», en faveur des cinq millions de Marocains du monde, a révélé le secrétaire général du CCME, Abdellah Boussouf, dans un entretien avec Le360. «L’un des principaux axes de cette réforme vise à octroyer au CCME le pouvoir d’entreprendre lui-même des auto-saisines en renforçant sa capacité de créer et d’appliquer des idées», a-t-il précisé.
Abdellah Boussouf estime que le Conseil doit conserver son statut d’instance consultative «avec le nouveau pouvoir de proposer des auto-saisines aussi bien à l’Exécutif qu’au Parlement». «Jusqu’à présent, notre organisme souffre de l’absence d’un mécanisme d’auto-saisine sachant que le CCME ne peut s’occuper jusqu’ici que des dossiers que lui soumettent le gouvernement ou le Parlement», a-t-il regretté.
«Nous voulons que le conseil soit dorénavant une force de proposition vis-à-vis de l’institution législative car le conseil regorge de compétences», a souligné Abdellah Boussouf.
Selon lui, la nouvelle réforme du CCME tend aussi à «élargir davantage la représentativité» des MRE en tenant compte des spécificités de chacun des continents et des pays d’accueil. Le CCME possède jusqu’ici 50 représentations dans le monde.
Cette réforme du Conseil veut «attirer plus de jeunes, de femmes et de hautes compétences afin, dit-il, de participer activement au développement du pays conformément au vœu de Sa Majesté le Roi. «Nous sommes ravis de constater une meilleure disponibilité des MRE pour participer à cet effort», a-t-il ajouté.
Le dirigeant du Conseil -que préside Driss El Yazami- a aussi rappelé que le Souverain a demandé «la simplification des procédures administratives afin qu’elles soient souples». Abdellah Boussouf a proposé, entre autres, la création d’une banque de projets -qui se chargera des dossiers d’investissement spécifiques aux régions-, la mise en place d’un guichet unique d’investissement pour les MRE et la commercialisation large de la production nationale au profit des cinq millions de MRE.
Quant à l’offre bancaire, a-t-il poursuivi, elle doit aussi se développer «pour aller au-delà des seuls services relatifs aux transferts des devises» et de l’immobilier, comme il faut en outre diversifier les offres des banques, selon lui, pour encourager les investisseurs.
A propos du mécanisme de suivi tel que demandé par le Roi, Abdellah Boussouf estime que cet instrument «doit veiller sur l’application des divers projets depuis leur approbation jusqu’à la fin de leur exécution».
Evoquant par ailleurs la réforme de la santé, le secrétaire général du CCME estime que «le Maroc peut compter sur 7.000 médecins marocains établis en France si les efforts se conjuguent».
En conclusion, Abdellah Boussouf a fait part de la publication par son organisme d’une étude sur les politiques publiques et MRE ainsi que l’élaboration d’un cadre législatif qui sera proposé au gouvernement. «Les différentes institutions en charge des affaires des MRE devront agir dans la complémentarité et l’harmonie», a-t-il conclu.