Le gouvernement allemand a présenté en novembre dernier une proposition de loi devant permettre aux étrangers d’être plus rapidement naturalisés. Une bonne nouvelle pour les Marocains qui s’y trouvent depuis de nombreuses années et qui n’ont pas pu l’obtenir.
Le gouvernement Scholz voudrait réformer la loi sur la citoyenneté, assouplissant les règles d'immigration afin de répondre à la pénurie de main-d'oeuvre. Passant de huit ans à cinq, voire trois ans dans certains cas, il pourrait bientôt être plus facile d'obtenir la nationalité allemande.
Toutefois, le projet est loin de faire l’unanimité. La droite dénonce des « passeports bradés ». Mais pour la ministre de l’Intérieur, Nancy Faeser, faciliter l’intégration des étrangers est le meilleur moyen qu’a trouvé le gouvernement pour faire face à la crise démographique et au manque de main d’œuvre, rapporte Le Figaro.
Dans une tribune publiée dans le journal Tagesspiegel, Nancy Faeser affirme que cette réforme ne sera que justice envers des personnes qui vivent et travaillent depuis des décennies en Allemagne. « Ils vivent et travaillent ici depuis des décennies. Ils sont engagés dans des missions de bénévolat. Leurs enfants et petits-enfants sont nés en Allemagne, vont à la crèche et à l’école ici », plaide la ministre.
La loi propose la réduction du délai d’attente qui désormais passera de huit ans à cinq voire trois ans si le demandeur maîtrise parfaitement la langue ou a fait du bénévolat. « L’idée est de proposer la nationalité aux personnes qui peuvent faire preuve d’une intégration jugée parfaitement réussie ». L’autre facilité qu’apporterait cette loi est la binationalité. Plus personne ne perdrait sa nationalité d’origine en acquérant la nationalité allemande.« C’est mauvais d’obliger les gens à renoncer à leur ancienne nationalité s’ils veulent demander la nationalité allemande. Pour beaucoup, c’est une étape douloureuse qui ne tient pas compte de leur histoire personnelle et de leur identité », argumente la ministre, qui veut adapter le droit « à la réalité de la vie ».
Mais la proposition de loi ne fait pas l’unanimité. « Il n’y a jusqu’à présent aucun progrès dans le rapatriement et la lutte contre l’immigration illégale », a déclaré Djir-Sarai pour justifier la position de son parti. Pour lui, une acquisition de la nationalité allemande ne doit pas être le début du processus d’intégration, mais plutôt son résultat réussi ». Pendant que la droite fustige et dénonce le projet, le gouvernement avertit sur le danger qui menace l’Allemagne avec une population en plein déclin. Pour le gouvernement, l’enjeu tient alors à « renforcer l’attractivité de l’Allemagne » pour « soutenir l’activité économique du pays ».
Pénurie de main-d'oeuvre
En outre, une naturalisation plus rapide devrait atténuer la pénurie de travailleurs qualifiés importante en Allemagne. "Nous avons besoin de nouvelles règles pour toutes ces femmes et ces hommes qui sont formidables et qui ont contribué à rendre notre économie si forte", a déclaré Olaf Scholz.
Le gouvernement insiste sur l'importance de la cohésion sociale : "La réforme de notre loi sur la citoyenneté se fait attendre depuis longtemps et constitue une excellente occasion de renforcer notre cohésion sociale. C'est pourquoi nous nous y attaquons maintenant.", avait déclaré la Ministre Faeser.
L'opposition, quant à elle, n'est pas favorable à cette réforme qui faisait partie de l'accord gouvernemental : "Négocier la citoyenneté allemande ne favorise pas l'intégration, mais a exactement le but opposé et déclenchera des effets d'attraction supplémentaires dans la migration illégale," a déclaré le chef du groupe régional de la CSU, Alexander Dobrindt, dans le journal "Bild".