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MRE à l'honneur : Rachid Guerraoui, informaticien et chercheur marocain

Né à Rabat, Rachid Guerraoui est un professeur à l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne en Suisse et membre de la Commission Spéciale sur le Modèle de Développement. Passionné par les algorithmes, l’informaticien a pu réussir son parcours de recherche scientifique pour devenir reconnu à l’échelle internationale dans son domaine. La Fondation Hassan II pour les Marocains résidant à l'étranger (FH2MRE) l'a rencontré.

FH2MRE : Quel est votre parcours ?

Rachid Guerraoui : J’ai obtenu mon baccalauréat à El Jadida avant de partir à Paris pour poursuivre mes études supérieures. J’ai obtenu mon Master en Intelligence artificielle de l’Université Sorbonne à Paris. Ensuite, j’ai obtenu mon doctorat en Informatique à l’Université d’Orsay. J’ai travaillé sur la Côte Ouest et sur la Côte Est des États-Unis avant de poser mes valises en Suisse et aujourd’hui, je suis Professeur à l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne en Suisse et j’y dirige le laboratoire d’algorithmique distribué.

FH2MRE : D’où vient votre passion pour les algorithmes ?

Rachid Guerraoui : J’ai toujours aimé la partie algèbre des mathématiques et le créateur de l’algèbre n’est autre qu’Al Khawarizmi : Monsieur Algorithmes. L’algèbre et les algorithmes sont des notions très proches. Les algorithmes sont, à mon humble avis, la base aujourd’hui de toutes les disciplines scientifiques et probablement bientôt, la base de toutes les activités humaines. l’Intelligence Artificielle est les algorithmes.

Comment avez-vous réussi à creuser votre sillon dans ce domaine et plus particulièrement dans la recherche scientifique ?

Les rencontres avec certains professeurs passionnées en France m’ont orienté vers la recherche au lieu de choisir le métier d’ingénieur comme tous mes amis de l’époque. Je me disais aussi que j’avais plus de chance de trouver un travail intéressant en continuant mes études à Bac + 8 plutôt que Bac + 5. Mes expériences en Suisse ainsi que les années passées aux États-Unis, aussi bien à la Sillicon Valley qu’à Boston ont été cruciales pour mon parcours.

Vous êtes lauréat de nombreux Prix dont le « Focused Research Award » de Google, l’ « ACM Fellow », l’ « ERC en Europe » et vous avez été nommé à la Commission Spéciale sur le Modèle de Développement au Maroc (CSMD) ? De quoi êtes-vous le plus fier ?

Difficile à dire. Être nommé à la CSMD était un grand honneur pour moi et m’a permis de participer à l’élaboration d’un modèle de développement pour le Maroc. L’« ACM Fellow » est une distinction américaine dans mon domaine. Le « Google Focused Awards » et l’ERC m’ont permis d’avoir quelques millions d’Euros pour financer ma recherche en Suisse. Et cela m’a été très important. Dans tous ces cas, j’étais ému et fier à chaque fois que je réalise un accomplissement.

Quelles difficultés avez-vous rencontrées pour arriver à ce que vous êtes aujourd’hui ?

Il y a de nombreux moments d’incertitude quand on fait de la recherche. On ne sait pas si on va pouvoir démontrer ou non le théorème que l’on cherche à démontrer ou faire marcher le programme que l’on veut exécuter. On ne sait pas non plus ou on va atterrir la prochaine fois et quelle université nous offrira un poste de professeur et dans quel pays. Ces incertitudes ne sont pas faciles à gérer.

Avez-vous des projets futurs au Maroc ?

J’essaye depuis de nombreuses années à travers la caravane du numérique et à travers la création d’un département d’informatique à l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P) de contribuer avec d’autres universités à établir une vraie culture de la recherche dans ce domaine crucial au développement du Maroc qui est le numérique. Mon rêve est de voir au Maroc des écoles supérieures aussi prestigieuses que les écoles polytechniques de Paris, de Lausanne, ou de Zurich.

Quels conseils donnez-vous aux jeunes marocains qui souhaitent intégrer le domaine de la recherche scientifique ?

Travailler, travailler et travailler. Le pragmatisme, l’humilité, l’honnêteté intellectuelle et la persistance payent souvent.

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