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Najoua El Berrak, nouvelle consule générale du Maroc en Corse

Najoua El Berrak est la nouvelle consule générale du Maroc en Corse. Elle découvre la région bastiaise et l'île où sa chancellerie est installée. Elle veille sur la destinée de plus de 42 000 ressortissants du Royaume chérifien et veut renforcer les liens entre l'île et le Maroc. Le quotidien Corse Matin l'a présentée à ses lecteurs.

(Avec Corse Matin) - Depuis que la représentation consulaire du Royaume du Maroc est installée en Corse, jamais une femme n'en avait été placée à sa tête. Depuis peu, c'est une nouvelle consule générale qui a été installée à Bastia par les autorités chérifiennes. Preuve s'il en était encore besoin de démontrer l'esprit d'ouverture et de modernité impulsé dans l'Atlas par le roi Mohamed VI. Depuis le mois de septembre, c'est donc à Najoua El Berrak qu'a été confié le poste de consul général du Maroc en Corse. "Mais je ne suis pas la seule et heureusement. Sur les 16 consuls généraux en France, 8 sont des femmes." Elle était auparavant au Consulat de Rennes (voir vidéo jointe).

Un poste diplomatique qui a pour but d'aider dans leurs démarches administratives les 42 000 ressortissants marocains présents dans notre région mais aussi de faciliter le dialogue et les échanges entre la Corse et le Maroc. La diplomate vient tout juste de prendre ses fonctions. Elle a pris possession de la résidence, mise à sa disposition et située à Biguglia. Une maison qui a vocation à être ouverte à tous ceux "qui ont envie de découvrir le Maroc dans toutes ses richesses et ses diversités culturelles."

Si son arrivée a coïncidé avec les commémorations de l'anniversaire de la Libération de la Corse à laquelle ont participé activement les goumiers marocains, elle ne veut pas limiter son travail sur l'île à son action mémorielle. "De se souvenir c'est très bien, mais il ne faut pas uniquement penser que les liens avec le Maroc s'arrêtent à cette mission historique. Il faut aller plus loin et renforcer nos échanges. Le sang des Marocains a coulé sur la terre de Corse, mais dans nos veines coulent aussi du sang corse grâce à Dawia, l'épouse d'un roi du Maroc et qui était Corse."

Et la consule qui déborde d'énergie n'a pas tardé à se confronter aux réalités du terrain insulaire. Sur sa table, des livres sur l'île empilés soigneusement démontrent tout son intérêt et sa volonté de mettre à profit son dynamisme pour amplifier ses connaissances sur la Corse et ainsi mieux servir son pays. Najoua El Berrak veut dans un premier temps soutenir tous ses ressortissants qui sont sur l'île. "Plus de 42 000 marocains sont en Corse. Je me dois d'être à leurs côtés et j'entends développer de nombreuses actions en faveur de tous. Je veux mettre en place des ateliers à destination des femmes, des enfants. J'entends être aux côtés de tous."

Pour cela, elle peut compter sur le soutien de ses deux proches collaborateurs Abdelahnine Idrissi, consul général adjoint, et My Dris Idrissi, chargé des affaires administratives et du cérémonial. Ils viennent de finaliser d'ailleurs, l'accueil sur l'île des ouvriers agricoles qui participent activement au ramassage des clémentines. "Six avions ont été affrétés par Air Corsica pour acheminer les 1 800 travailleurs. Je vais d'ailleurs avoir une rencontre dans les prochains jours avec le président du syndicat des agrumiculteurs. Je vais me rendre sur le terrain pour rencontrer ces hommes et découvrir la manière dont ils travaillent et comment ils sont hébergés. Je vais également avec les autorités françaises tenter de trouver des solutions pour faciliter l'accueil de ces travailleurs mais aussi pour des personnes qui attendent depuis de trop nombreuses années une régularisation de leur situation."

Un grand salon du Maroc en 2023

Najoua El Berrak veut marquer son passage sur l'île par la mise en place de projets concrets et permettant des échanges entre la Corse et le Maroc sur le plan économique mais aussi sur le plan culturel. "J'aime les projets gagnant-gagnant. Il ne doit pas y avoir, dans des échanges, une partie qui se sente flouée. Il faut un échange constructif. Je viens d'ailleurs de rencontrer le directeur de l'aéroport pour qu'il y ait des vols à destination du Maroc d'avril à octobre. Je dois dire que j'ai été très bien accueillie à la fois par les deux préfets de l'île, mais aussi par tous les hommes politiques de Corse avec qui j'ai pu discuter. Nous fourmillons d'idées pour renforcer et pérenniser les liens qui existent entre nous."

Pour s'impliquer davantage, la consule générale veut réaliser dès le mois de juin 2023, un grand salon du Maroc à Bastia, avec la participation active de la région de Fez Meknès avec qui la chambre des métiers de Corse, mais aussi l'office de tourisme de l'agglomération bastiaise ont déjà eu des rencontres fructueuses ces derniers jours. "Nous voulons mettre en avant tout le savoir-faire marocain, dans sa diversité et sa richesse. Il n'y a pas qu'un seul Maroc, il est constitué d'une multitude de savoir-faire qu'il est important de faire connaître. Les Corses sont aussi de grands artisans. Seul du positif peut naître de ce salon. J'entends également, avec le soutien de Paul Pierinelli, mettre en place lors du salon du chocolat un grand espace dédié au Maroc. Parce que la gastronomie marocaine est un atout à découvrir et à partager avec le plus grand nombre."

Faire classer le site de Teghime par l'Unesco

Najoua el Berrak veut aussi participer à des échanges culturels et éducatifs entre la Corse et son pays. Elle va s'appuyer pour cela sur Ismaël Triki, ancienne gloire du Sporting, pour tisser des liens avec les jeunes marocains et les jeunes corses. "Cela peut passer par diverses formes, mais nous allons travailler concrètement avec Ismaël Triki. Nous avons déjà commencé." Elle s'est tournée également vers l'université de Corse. "J'ai posé la question au président de l'université pour savoir si des études historiques avaient été entreprises sur le rôle des goumiers dans la libération de la Corse. C'est, je pense, un sujet qui mérite d'être approfondi et je ne suis pas certaine que ce point de vue historique ait été abordé d'un point de vue marocain. J'aimerais également que le site de Teghime puisse être classé par l'Unesco. Aujourd'hui, nous nous souvenons du sacrifice de tous ces hommes pour que triomphe la liberté mais qu'en sera-t-il dans 50 ans ?"

Un devoir de mémoire qui sera amplifié en 2023 avec les célébrations des 80 ans de la libération de la Corse. Une terre dont la liberté a été acquise au prix du sacrifice de nombreuses vies y compris Marocaines. Un lien de sang qui unit à jamais la Corse et le Royaume Chérifien. Un lien que veut renforcer par le dynamisme et la force de proposition, Najoua el Berrak.

Il est vrai que comme le disait Aragon : "L'avenir de l'homme est la femme. Elle est la couleur de son âme. Elle est sa rumeur et son bruit. Et sans elle, il n'est qu'un blasphème."

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