Les Marocains bloqués à l’étranger devront encore prendre leur mal en patience. C’est ce qui ressort de la réunion de la Commission des affaires étrangères à la Chambre des représentants, tenue mercredi dernier, pour faire le point sur ce dossier.
Intervenant lors de cette rencontre, Nezha El Ouafi, ministre déléguée en charge des Marocains résidant à l’étranger, a fait savoir que «le gouvernement examine actuellement tous les scénarios possibles, permettant d’aboutir à une solution dans les plus brefs délais». Elle a précisé que «les étudiants marocains ne peuvent pas être considérés comme bloqués dans la mesure où ils sont résidents, et s’intègrent souvent dans les pays d’accueil, au même titre que les autres MRE résidents».
L’intervention de Omar Balafrej, député FGD, a suscité la tension au sein de la Commission des affaires étrangères. Contrairement aux autres groupes parlementaires, ayant réclamé le rapatriement urgent des personnes bloquées, il a estimé que si «on ouvre la porte, au moins 3 millions de personnes voudront regagner le pays. Or, le système de santé national ne peut pas supporter cette pression»
Quoi qu’il en soit, 18.226 Marocains sont actuellement bloqués à l’étranger, suite à la fermeture des frontières dans le cadre des mesures préventives prises pour lutter contre la propagation du coronavirus. Le chiffre annoncé par la ministre déléguée a suscité les critiques de certains membres de cette Commission.
C’est le cas d’Ibtissam Azzaoui, députée PAM, qui a pointé un problème de coordination au sein du gouvernement, dans la mesure où le chef du gouvernement avait annoncé, lundi dernier, que le nombre des personnes bloquées à l’étranger est près de 7.000. «Nous pouvons comprendre qu’il s’agit d’une actualisation des données, mais la différence entre les deux chiffres annoncés est énorme».
Si les différents parlementaires concèdent que la fermeture des frontières était une décision pertinente ayant permis au Maroc d’éviter le pire, ils s’accordent également sur l’urgence d’aboutir à des solutions pour la prise en charge des personnes se trouvant dans des situations intenables à cause de cette décision. Pour El Azzaoui, «la réponse du gouvernement est insuffisante».
Aujourd’hui, «ces personnes bloquées ont besoin de mesures pratiques», selon plusieurs députés. De son côté, Amam Chokrane, chef du groupe parlementaire de l’USFP, «le gouvernement aurait pu identifier des scénarios durant la période écoulée permettant de donner une visibilité à ces personnes, afin qu’elles ne perdent pas espoir».
Pour lui, «il ne suffit pas de leur demander d’attendre». Chokrane a estimé que la démarche adoptée pour le rapatriement des étudiants marocains en Chine peut servir d’exemple, notamment avec une mise en quarantaine. Pour sa part, Omar Balafrej, député FGD, a estimé que «le véritable problème actuellement est lié à un manque de communication et non pas de volonté». D’où l’importance d’opter pour plus de transparence, selon lui.
L’intervention de Balafrej, en rupture avec les demandes de rapatriement urgent exprimées par les autres groupes parlementaires, a suscité la tension au sein de la Commission. Le député FGD a estimé qu’il est important d’éviter les positions populistes.
«Aujourd’hui, il faut être responsable et informer les Marocains bloqués que le rapatriement ne peut pas être lancé actuellement». Pour lui, «si on ouvre la porte, au moins 3 millions de Marocains voudront regagner le pays. Or, le système de santé au Maroc ne peut pas supporter cette pression». Une position appuyée par Nezha El Ouafi, qui a expliqué qu’il s’agit avant tout d’une question de «sécurité sanitaire nationale».
La ministre déléguée a souligné que «l’idée est de préparer les bonnes conditions pour la réussite du rapatriement, sans mettre en péril les efforts de lutte contre la propagation du virus au niveau local». Dans cette approche, certains députés, à l’instar de Balafrej, ont appelé à prendre en compte certains cas exceptionnels, qui pourraient bénéficier de mesures urgentes.
Par exemple, «il est important de donner la priorité à certaines personnes, notamment des cadres marocains, dont le nombre est limité, qui sont bloqués dans des pays moins avancés que le Maroc, notamment en Afrique subsaharienne, ou dans des Etats qui n’ont pas encore mis en place des mesures de prévention face à la propagation de cette pandémie», a-t-il expliqué.
Accompagnement
Sur les 18.226 Marocains bloqués à l’étranger, 2.743 ont été pris en charge. C’est ce qu’a annoncé Nezha El Ouafi, lors de la réunion de la Commission des affaires étrangères à la Chambre des représentants. Des cellules de veille sont chargées de l’accompagnement des personnes concernées, notamment la prise en charge des frais d’hébergement et de soins pour certains d’entre eux. D’autres cellules d’orientation, qui interagissent quotidiennement avec ces citoyens, apportent des solutions aux problèmes identifiés.
M.A.M.