
Issue d’une famille marocaine, cette ancienne ouvrière à la chaîne, sans diplôme, devenue ministre en Belgique, a eu un parcours atypique. Et exemplaire.
Née de parents marocains, émigrés dans une ville minière du Limbourg (province flamande), Kitir n’a pas eu une vie facile. "Ma mère est décédée quand j’avais 2 ans, raconte-t-elle. J’étais la septième de onze enfants. Nous étions pauvres et parfois, j’avais honte de ne pas avoir de vêtements neufs. Nous n’avions pas de jouets, pas d’activités après l’école. Mais mon père était très ouvert d’esprit."
La ministre se souvient que certaines filles musulmanes de son école devaient se changer, avant de rentrer chez elles. "Mon père nous laissait être nous-mêmes. Il disait qu’il était venu travailler à la mine en Belgique pour nous offrir de meilleures opportunités d’éducation et qu’il fallait les saisir. J’étais très proche de lui. Quand il est décédé, c’est comme si je m’étais retrouvée seule au monde. Je venais de finir l’école et j’ai dû renoncer à aller à l’université."
Meryame Kitir décide de fuir les tensions au sein de famille. "Je voulais aussi trouver mon identité. Mais c’était impensable pour une jeune Marocaine de 18 ans, non mariée, de vivre seule. Tout le monde pensait que j’allais finir sur le trottoir !"
Meryame Kitir entre chez Ford à Genk, comme ouvrière à partir de 1999. Elle y découvre le syndicat socialiste, s’y engage et en devient déléguée. Elle s’y fait distinguer par Steve Stevaert, alors numéro un du parti socialiste flamand et fait ses premières armes sous ses ailes.
En 2006, elle arrive au conseil communal de Maasmechelen où elle a réussi se faire élire, avant d’échouer à la Chambre, là, également à la faveur des urnes, à l’issue des élections fédérales de 2007. Ne se sentant nullement encombrée, elle cumule les deux charges (à la chambre et à l’usine Ford) pendant les premières années.
Le 25 octobre 2012, elle frappe les esprits avec son discours sur la fermeture annoncée de l’usine Ford à laquelle elle se sent si liée. Réélue en 2014, elle accède un an après, au fauteuil de cheffe de groupe, en succession à Karin Temmerman. Elle devient une icône de l’opposition à la suédoise de Charles Michel.
En 2016, elle quitte Maasmechelen pour Genk, où elle intègre le conseil communal1.
En septembre 2016, lors d'une session à la Chambre, Luk Van Biesen, parlementaire OpenVLD, lui lance : « retourne au Maroc ». Critiqué y compris au sein de son parti, il présente ses excuses.
Le 1er octobre 2020, elle devient ministre fédérale de la Coopération au développement et chargée des grandes villes au sein du gouvernement De Croo.
Quand la Belgique est informée en juin 2021 que certaines associations bénéficiaires de ses aides au développement sont sous le coup d'accusations de terrorisme, elle décide unilatéralement de ne pas interrompre cette aide tant que des preuves ne seront pas apportées