
Le parlement tunisien a accordé, lundi dans la soirée, à une large majorité, la confiance au nouveau gouvernement dirigé par Youssef Chahed.
Le vote est intervenu après un débat qui a duré plus de 12 heures, retransmis en direct par la deuxième chaîne de la télévision nationale.
Les députés présents au nombre de 160 sur 2017, ont voté nominalement pour chacun des nouveaux membres du gouvernement Chahed.
Les voix favorables ont oscillé entre 115 et 132, sachant que chacun des ministres a besoin d'une majorité de 109 voix sur les 217 que compte le parlement.
Les abstentionnistes ont été de 3 à 8 députés, et ceux qui ont voté contre ont été de 19 à 25.
Ce vote est considéré par les observateurs comme une victoire du jeune chef de gouvernement (41 ans) sur ses détracteurs.
Le mouvement Nida Tounes (51 députés) a boycotté la séance plénière consacrée à ce vote de confiance.
Son dirigeant Hafedh Caïd Essebsi, fils de l'actuel président, est en conflit ouvert avec Youssef Chahed dont il a réclamé le départ, en vain.
Auparavant, le premier ministre avait répondu aux questions soulevées par les députés lors de longs débats.
Il a déclaré que le remaniement opéré vise à "sortir de la crise grâce à l'assainissement du climat politique", en prévision des élections législatives et présidentielle prévues fin 2019 en vue de favoriser une participation accrue, notamment des jeunes dont l'affluence était faible lors du dernier scrutin municipal.
"Nos mains sont tendues à toutes les bonnes volontés qui veulent y contribuer", a-t-il assuré.
Par ailleurs, le premier ministre a, chiffres à l'appui, présenté le programme de son nouveau gouvernement pour les mois à venir.
Il table sur une croissance de 3,1%, "voire plus" en 2019 et sur la réduction du déficit budgétaire à 3,9%. S'agissant de l'usure du pouvoir d'achat des citoyens, évoquée par les députés, il a assuré qu'aucune taxe supplémentaire n'est prévue dans la loi de finance de 2019, outre le renforcement du contrôle des circuits de distribution et de la contrebande.
Il a promis que son gouvernement oeuvrera en faveur du développement et de la création d'emploi dans les régions démunies avec la création d'une "banque régionale" et d'un fonds pour l'emploi pour financer les projets promus par les jeunes.
En réponse aux députés qui ont avancé que la nomination du nouveau ministre du tourisme René Trabelsi, un Tunisien de confession juive, était "une forme de normalisation avec l'entité sioniste" (Israël), Chahed a qualifié ces propos de "surenchères".
Il a souligné que ce dernier "jouit des mêmes droits que tout autre tunisien", réitérant "la position constante de la Tunisie de soutien à la cause palestinienne".