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Maglor - Malgré ses efforts, Imen, une étudiante en alternance à Grenoble, se retrouve en situation irrégulière. En cause : les délais de traitement rallongés de son dossier par la préfecture de l’Isère. Une situation qui compromet son avenir et l’empêche de poursuivre ses études et son travail.
Imen a tout fait pour éviter cette situation. Étudiante en master et engagée dans un contrat d’alternance, elle remplissait toutes les conditions pour obtenir son titre de séjour. Pourtant, faute de réponse de la préfecture, elle se retrouve aujourd’hui sans papiers, privée de son emploi et de ses études.
"Je ne peux pas me présenter au travail, c’est illégal pour eux. Je ne peux pas aller en cours non plus. Du jour au lendemain, tout a changé", témoigne-t-elle, désemparée. Sans ressources, elle se retrouve dans une grande précarité. "J’ai mon certificat de réussite, un contrat d’alternance, un logement, et des conditions financières stables. Je ne comprends pas pourquoi je n’ai pas de réponse. Je n’ai rien fait de mal."
Un "mur numérique" qui enferme les étrangers dans l’irrégularité
La situation d’Imen est loin d’être un cas isolé. En mai 2024, le collectif "Bouge ta pref 38", regroupant associations et syndicats, alertait sur les difficultés croissantes rencontrées par les étrangers pour obtenir ou renouveler leur titre de séjour.
Les membres du collectif dénoncent un accès de plus en plus restreint aux services de la préfecture, notamment depuis mars 2024, date à laquelle l’administration a interdit l’accès à ses locaux sans rendez-vous. Or, ces rendez-vous sont devenus quasi impossibles à obtenir.
"Le symbole de cette suppression d’accueil physique est fort et traduit la volonté d’exclure tous ceux qui se heurtent au mur numérique", fustige le collectif. En cause : la dématérialisation totale des démarches via la plateforme ANEF, qui complique encore plus l’accès aux titres de séjour. "Avant, on pouvait déposer son dossier en préfecture. Maintenant, tout passe par la plateforme et les réponses sont toujours les mêmes : il faut attendre", explique Imen.
Une mobilisation grandissante face à l’inertie administrative
Face à cette situation, la mobilisation s’intensifie. En décembre, 200 travailleurs sans papiers ont manifesté devant la préfecture de l’Isère pour dénoncer la rupture du dialogue avec l’État. En janvier 2024, lors des vœux de la nouvelle préfète, des membres du collectif étaient à nouveau présents pour réclamer une réforme des procédures administratives.
En attendant, des centaines de personnes comme Imen restent bloquées dans un vide juridique aux conséquences dramatiques. Privées de droits et de perspectives, elles subissent l’impact direct d’une administration devenue inaccessible.