
Maglor - Paris, juin 2025 – C’est une histoire à la fois absurde et révoltante qui en dit long sur les failles du traitement administratif des étrangers en France. Un jeune homme tunisien de 21 ans, étudiant en cinquième année de médecine à l’université Paris-Saclay, a failli être expulsé du territoire français malgré un parcours académique exemplaire.
Le 10 mars 2025, il reçoit par courrier une Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF), motivée par un manque supposé « d’insertion dans la société française » et « d’attache familiale ». Pourtant, arrivé en France à l’âge de 12 ans, le jeune homme a obtenu un baccalauréat avec mention Bien à 16 ans, puis entamé des études de médecine sans faute, jusqu’à effectuer un douzième stage au service de réanimation de l’hôpital Paul-Brousse de Villejuif, avec l’ambition de devenir chirurgien orthopédiste.
Soutien universitaire et recours en justice
Soutenu par son université et par son avocate, Maître Caroline Andrivet, le jeune homme saisit le tribunal administratif. Le 8 avril 2025, la justice suspend le refus de séjour, mettant en avant « l’excellence de son parcours personnel et universitaire » et estimant qu’il existe « un doute sérieux sur la légalité » de la décision préfectorale.
Il obtient alors une autorisation provisoire de séjour, valable jusqu’au 8 novembre 2025, l’autorisant à poursuivre ses études et à travailler.
Une régularisation silencieuse
L’histoire aurait pu s’arrêter là, mais elle prend une tournure surréaliste. Le 28 mai 2025, la préfecture lui accorde un titre de séjour d’un an, sans même le lui notifier. C’est Le Parisien qui lui apprendra l’information quelques jours plus tard.
Un imbroglio administratif que dénonce Me Andrivet, qui pointe une gestion incohérente et inhumaine de certains dossiers. « Il n’a jamais cessé de croire en ses chances, mais il a vécu cette période avec une angoisse profonde », confie-t-elle.
Une politique de plus en plus restrictive
La préfecture de Seine-Saint-Denis justifie initialement son refus en affirmant que la demande d’admission exceptionnelle au séjour ne présentait pas de caractère particulier. Une décision qui s’inscrit dans un durcissement global de la politique migratoire, notamment envers les jeunes étrangers en formation.
Aujourd’hui, l’étudiant peut respirer à nouveau, mais cet épisode soulève une fois de plus la question de l’inhumanité croissante du traitement réservé aux étrangers, y compris ceux qui incarnent pourtant l’excellence et l’intégration.