
Il y a 50 ans, le hip-hop naissait aux États-Unis. Cette culture s’est ensuite exportée partout sur la planète. Au Maghreb, le rap continue de prendre de l’ampleur. Le Maroc a vu éclore de nombreux artistes qui se démarquent grâce à une identité qui leur est propre. TV5 Monde y a consacré un reportage.
Anissa Rami, journaliste spécialiste du rap, estime que la popularité du rap à l’international a contribué au développement d’un rap marocain avec une identité qui lui est propre. Si le style musical est encore naissant dans le pays et qu’il est confronté à certaines difficultés, un avenir prometteur lui tend les bras.
TV5MONDE : À partir de quand le rap s’est-il développé au Maroc ?
Anissa Rami : Il y a toujours eu des rappeurs mais je dirai qu'il s'est vraiment développé dans les années 2000. L'essor d'internet et des blogs ont permis de mettre plus de lumière sur la scène rap marocaine à cette époque. Le rappeur Don Bigg est l'un des pionniers, il a sorti son album en 2006. C'était des morceaux assez dénonciateurs.
Ensuite, de 2012 à 2016, de plus en plus d’artistes ont vu le jour. Par exemple, le collectif Naar a vraiment participé à l’essor du rap au Maroc. En 2019, ils ont fait un album qui réunit beaucoup de rappeurs marocains en collaboration avec pas mal de rappeurs français.
Très vite, le rap marocain s’est tourné vers l’étranger et vers la France. Il y a des collaborations avec Koba LaD, Laylow. 2019 a été une année où ce collectif a vraiment été connu en France.
TV5MONDE : Quels sont les liens entre le rap français et le rap marocain ?
Anissa Rami : La spécificité du rap marocain, c’est que c’est en darija marocain, c’est-à-dire en dialecte marocain, donc en arabe et dans ce dialecte. Il y a pas mal d’artistes africains qui peuvent rapper en français ou en anglais, là il y a une spécificité de garder la langue et de rapper dans cette langue-là.
Même s’ils ont une volonté d’être connus à l’étranger, ils gardent cette spécificité en la mélangeant avec l’anglais, l’espagnol et même le français. Le rap marocain a eu envie d’amener cette touche de : “On vient du Maroc, on veut garder notre culture marocaine”, tout en faisant des liens avec la France.
On voit vraiment qu’il y a des liens qui se font entre artistes africains.
Anissa Rami, journaliste spécialiste du rap
Par exemple, dans le collectif Naar, il y a le groupe Shayfeen qui a fait une collaboration avec le rappeur Laylow. Ça leur a permis de montrer leurs capacités, qu’ils existaient sur la scène française. C’était quand même important pour eux de faire des concerts à Paris, d’avoir pas mal d’échanges.