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Les œuvres de Leila Alaoui sur la vie des Marocains exposées à Paris

Des œuvres en grand format de la célèbre et regrettée artiste photographe Leila Alaoui sont exposées à la Maison des Arts de Créteil. Elles sont intégrées à la Biennale sociale et environnementale de la photographie à Paris «Photoclimat».

Leila Alaoui, grâce à un art vidéo et photographique aux limites du documentaire et des arts plastiques, explore la construction d’identité, les diversités culturelles et la migration dans l’espace méditerranéen. Elle utilise la photographie et la vidéo pour exprimer diverses réalités sociales à travers un langage visuel se situant à la frontière entre le documentaire et les arts plastiques. 

En janvier 2016, alors qu’elle travaillait pour une commission d’Amnesty International sur les droits des femmes au Burkina Faso, Leila Alaoui a été grièvement blessée dans les attentats terroristes de Ouagadougou. Elle ne s’en remet pas et décède le 18 janvier 2016. La Fondation Leila Alaoui a été créée pour préserver son œuvre, défendre ses valeurs, inspirer et soutenir les artistes œuvrant pour la dignité humaine.

Série Les Marocains

Les Marocains est une série de portraits photographiques réalisés par Leila Alaoui dans un studio mobile, qu’elle a transporté au Maroc. Puisant dans son propre héritage, elle a séjourné au sein de diverses communautés, et utilisé le filtre de sa position intime de Marocaine pour révéler dans ces portraits la subjectivité des personnes photographiées. Inspiré par The Americans, le portrait de l’Amérique d’après-guerre réalisé par Robert Frank, son road-trip à travers le Maroc rural a pour but de photographier des femmes et des hommes appartenant à différents groupes ethniques, Berbères comme Arabes.

Ce projet constitue une archive visuelle des traditions et des univers esthétiques marocains qui tendent à disparaître sous les effets de la mondialisation. Cette manière hybride de concevoir le documentaire fait écho à la démarche corrective postcoloniale que de nombreux artistes contemporains engagent aujourd’hui afin d’écarter de l’objectif « l’exotisation » – très largement répandue en Europe et aux États-Unis – de l’Afrique du Nord et du monde arabe.

Le Maroc a longtemps occupé une place singulière dans cette utilisation de la culture historique pour construire des fantasmes d’un “ailleurs” exotique. Encore aujourd’hui, la population locale est parfois photographiée dans une image de rusticité et de folklore, perpétuant ce regard condescendant.

Série No Pasara

En réaction aux politiques européennes de resserrement des frontières, une nouvelle terminologie est apparue dans le langage populaire pour exprimer une résistance symbolique à toutes les lois privant la liberté de migrer. «Hrag» (brûler) et «Harragas» (les brûleurs) sont devenus des codes courants parmi une jeunesse désespérée prête à tout sacrifier pour atteindre les rivages de l’Europe.

No Pasara capte la vie de jeunes marocains qui rêvent d’un avenir meilleur de l’autre côté de la Méditerranée. Les images témoignent de leurs réalités comme de leurs illusions. Dans leurs tentatives de brûler la frontière, beaucoup finissent par brûler leur identité, leur passé et parfois leur vie. Ce projet a été commandé par l’Union européenne en 2008.

 

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