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«Oussekine» : une histoire extrêmement triste de brutalité raciste gravée dans notre mémoire depuis 1986

Oussekine, la mini-série en quatre épisodes réalisée par Antoine Chevrollier, est une dramatisation d’un événement épouvantable qui s’est produit une nuit de 1986 dans le centre de Paris.

(AN) - Malik Oussekine, âgé de vingt ans à peine, connaît une fin tragique lorsque des policiers à moto le poursuivent dans un immeuble et le battent brutalement à mort. Il n’avait aucun casier judiciaire, aucune affiliation ou sympathie politique, mais il était un musulman algérien.

La série suit la famille Oussekine, une mère et ses cinq enfants, qui ont quitté l’Algérie, se sont installés en France, et sont devenus citoyens. Ils sont fiers et heureux d’être français, mais ne peuvent jamais oublier leurs origines.

Le premier épisode d’Oussekine commence le soir du 5 décembre 1986. Alors que des étudiants manifestent dans les rues de Paris contre le projet de loi Devaquet, Malik Oussekine (Sayyid el-Alami) assiste à un concert de Nina Simone à Saint-Germain-des-Prés. Il est très enthousiaste et, avant de quitter la maison, refuse gentiment les quartiers de pommes de terre préparés par sa mère, Aïcha (Hiam Abbass). Il dit qu’il sera en retard pour l’événement et s’empresse de partir.

Après le concert, il rentre chez lui à pied, heureux de sa soirée, lorsqu’il se retrouve poursuivi par des policiers à moto. Il s’enfuit et se réfugie à l’intérieur d’un bâtiment, mais deux hommes en uniforme entrent et le battent brutalement. Plus tard, au fil des épisodes, nous apprenons tout sur la désillusion, la frustration et la colère qui règnent dans la police. Malik était une victime malheureuse qui se trouvait au mauvais endroit au mauvais moment.

La mort est révélée progressivement au fil des épisodes, qui durent environ soixante minutes chacun. Chevrollier nous réserve suffisamment de surprises pour que nous restions scotchés à notre téléviseur. Cependant, la série a ses moments de faiblesse. On a l’impression qu’elle n’est pas aussi fluide qu’elle devrait l’être, certains flashbacks prêtant quelque peu à confusion. 

Les scènes de procès sont souvent molles, le seul moment fort étant celui de la sœur de Malik, Sarah (Mouna Soualem), qui, à un moment donné, ordonne aux deux policiers accusés de ne pas oser la regarder dans les yeux. Certaines répliques de l’avocat de la famille Oussekine, Georges Kiejman (Kad Merad), sont pointues et accusatrices. «Ce pays n’est-il pas fondé sur les principes de liberté, d’égalité et de fraternité?», lâche-t-il.

Si les autres frères et sœurs de Malik, Mohammed, Benamar et Fatna, ne font pas ou peu d’impression, c’est Sarah qui est impitoyable. «Pourquoi les accusés ne sont-ils pas menottés?», demande-t-elle à l’avocat. Plus proche de son frère, elle est aussi dévastée que sa mère, et les deux actrices transmettent avec brio un sentiment d’immense tristesse et d’impuissance.

Toutefois, cette série ne fait pas la morale. Au contraire, elle nous rappelle que la vie doit continuer. L’acceptation constitue sans doute le plus grand baume.

GAUTAMAN BHASKARAN

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