Maglor- La vie quotidienne des étudiants en France devient de plus en plus difficile. La précarité, autrefois discrète, s’installe désormais de façon préoccupante parmi une grande partie d’entre eux, en particulier les étudiants étrangers. De nombreux jeunes peinent à joindre les deux bouts et ne s’en sortent que grâce à l’aide d’associations qui interviennent pour combler les besoins essentiels, notamment en matière de nourriture et de logement.
Des chiffres inquiétants sur la précarité alimentaire
Les résultats du baromètre annuel de l'association Cop1, publiés le 17 octobre 2024, mettent en lumière une réalité sociale alarmante : 36 % des étudiants sautent régulièrement ou occasionnellement des repas faute de moyens financiers suffisants. Cette proportion grimpe à 60 % pour ceux bénéficiant du soutien de l'association. Le rapport met en évidence que la précarité alimentaire touche particulièrement les étudiants qui cumulent études et emploi, avec 47 % d'entre eux affectés.
Les restaurants universitaires, qui devraient permettre d’alléger ce fardeau, ne sont fréquentés que par 54 % des étudiants de manière régulière. Plusieurs raisons expliquent cette faible fréquentation : la distance géographique, les longues files d’attente, et des prix jugés encore trop élevés pour certains. La fin de la généralisation des repas à 1 €, une mesure introduite pendant la pandémie de Covid-19, est souvent pointée du doigt comme une des causes principales de cette situation. Désormais réservée uniquement aux boursiers, cette initiative, autrefois salutaire, a laissé de nombreux étudiants dans une situation difficile.
Le recours à l’aide alimentaire de plus en plus fréquent
Selon l’enquête menée en partenariat avec Ifop, 18 % des étudiants ont déjà fait appel à l’aide alimentaire, et parmi eux, 65 % y ont recours de manière régulière, que ce soit une fois par semaine ou plusieurs fois par mois. Cela souligne l’ampleur de la crise que traversent ces jeunes. Jade El Ayadi Gaouaou, vice-présidente de Cop1, déclarait au Monde : « Quand un étudiant sur cinq a recours à l’aide alimentaire, cela signifie qu’elle est rentrée dans le quotidien d’une partie des jeunes. »
Face à cette précarité croissante, les étudiants adaptent leurs habitudes. Ils se tournent vers des recettes moins coûteuses (58 %), réduisent la taille des portions (43 %), ou encore sollicitent des aides extérieures pour subvenir à leurs besoins. Un léger mieux se profile toutefois, avec une diminution du nombre d'étudiants renonçant à des achats alimentaires, passant de 49 % en 2023 à 41 % en 2024, bien que ce chiffre reste très préoccupant.
Le logement, un défi permanent
Outre la précarité alimentaire, l’accès au logement est un autre obstacle majeur auquel sont confrontés les étudiants. Trouver un toit relève du défi pour 50 % d'entre eux, tandis que 18 % signalent des difficultés "très importantes" à cet égard. Une fois un logement trouvé, le paiement des loyers devient une épreuve pour près d'un tiers des étudiants, avec 30 % d’entre eux peinant à s’acquitter de leur loyer à temps. Cette situation est encore plus prononcée que dans le reste de la population française.
Le stress financier provoque également un sentiment d’isolement chez ces jeunes adultes. Selon l'enquête, 41 % des étudiants se sentent socialement isolés, souvent en raison de leur manque de ressources. « Un étudiant qui ne peut pas remplir son frigo ou payer ses factures n’a pas la possibilité de participer aux activités sociales et culturelles, ni de sortir avec ses amis », explique Benjamin Flohic, cofondateur de Cop1, au Nouvel Obs. Cette précarité limite non seulement leur qualité de vie, mais compromet également leurs chances de réussite universitaire.
L’appel des associations et la nécessité d’une action publique
Face à ces constats, les associations comme Cop1 jouent un rôle crucial dans le soutien des étudiants en difficulté. Cependant, ces initiatives ne peuvent compenser à elles seules les manques structurels du système. De nombreuses voix s’élèvent pour appeler à une meilleure prise en charge des étudiants précaires, à travers une augmentation des aides financières, une extension des repas à 1 € pour tous, ainsi qu’une offre de logements étudiants plus accessibles.
L’accroissement de la précarité étudiante en France ne peut plus être ignoré. Il est impératif que des actions concrètes et durables soient mises en œuvre pour offrir à ces jeunes les conditions nécessaires à leur épanouissement personnel et à leur réussite académique. Le bien-être des étudiants est un investissement essentiel pour l’avenir du pays, et ne peut être négligé dans un contexte où l'accès à l'éducation et à des conditions de vie dignes devrait être garanti pour tous.