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Thilleli Rahmoun, ancrée dans la Méditerranée et la couleur

Ancrée autour de la Méditerranée, du mouvement et de la couleur, Thilleli Rahmoun est une artiste algérienne reconnue pour ses dessins hors pair. Inspirée par le déracinement, le déplacement, elle expose tour à tour à Marrakech, Kinshasa, Barcelone, Paris et Alger où elle instille son art incarné.

Mohand Hakhifi a rencontré l'artiste pour Arab News et lui a posé quelques questions.

Comment êtes-vous venue à l’art?

J'ai toujours peint et dessiné depuis ma prime enfance. J'ai de tout temps adoré les histoires, et pas uniquement celles qu'on me racontait, mais aussi celles que je m'inventais. Enfant, mes parents m'avaient inscrite à un centre culturel à Alger. Plus tard, j'ai suivi le cursus de l’École supérieure des beaux-arts d'Alger puis celui de Paris.

Vous évoluez entre Barcelone et Paris, comment ces deux villes influencent-elles votre pratique artistique?

Après mon diplôme de l’École nationale supérieure des beaux-arts (Ensba) de Paris, il m'a paru naturel de rester dans la capitale française pour toutes les opportunités artistiques et l'offre culturelle ambiantes. Depuis, j'ai eu l'occasion de participer à des programmes de résidences d'artistes hors de France, notamment à Barcelone. La ville et ses attributs uniques ont été un élément déterminant qui m'a fait prendre conscience de l’importance de la Méditerranée dans mon parcours personnel, et de son influence sur mon travail en tant que territoire. À Alger, je me disais toujours que la mer était un «élément modérateur». À Barcelone, elle est le «point de retour».

Quelles sont les formes d’art et les artistes qui vous intéressent et vous inspirent?

Plus que les formes d'expression, je m'intéresse davantage à un propos et à une démarche. Je suis sensible aux intérieurs métaphysiques et aux paysages ouverts de Giorgio De Chirico, l'alchimie intime et universelle de Robert Rauschenberg, les finalités incertaines du souvenir chez William Kentridge, les départs constants de Nan Goldin, les mises en fiction potentielles de Mickaël Klieir, la justesse et la puissance des œuvres de Joan Miró, Louise Bourgeois, Anselm Kiefer, Juan Muñoz, Pieter Brueghel l'Ancien, Julien Prévieux, Robbie Cornelissen et Larissa Fassler. Sur le plan littéraire, je reste fascinée par les univers de David Toscana, Claude Confortès, Rachid Mimouni, Mario Vargas Llosa, Jacques Prévert, Eugène Ionesco, Milan Kundera, Raymond Queneau, Luis Sepúlveda et Kateb Yacine. Et si je devais choisir un film, ce serait Des oiseaux petits et gros de Pasolini.

Quel lien entretenez-vous avec l’Algérie, pays natal dont vous êtes diplômée de l’École des beaux-arts d’Alger?

J'ai des échanges constants avec mon pays, sur tous les plans et à tous les niveaux et je continue à y exposer régulièrement.

Quels illustres plasticiens et dessinateurs algériens vous inspirent?

Parmi les artistes que j'affectionne tout particulièrement, je citerai Massinissa Selmani, Nourreddine Ferroukhi, Souad Douibi, Yahia Abdelmalek et Slim, entre autres.

En savoir plus

Née à Alger en 1978, Thilleli Rahmoun est diplômée de l’Ecole Supérieure des Beaux-Arts d’Alger (2001) et de l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris (2007). Elle vit et travaille actuellement à Paris.

Quelques mots pour définir son travail : « J’ai longuement travaillé sur la thématique de la chambre sensuelle mais inhabitable. Le but est d’exprimer ma féminité et de raconter mon histoire en créant une ambiance baroque, décalée et absurde. Les évocations y sont nombreuses, notamment celles relatives à l’enfance, à l’énergie frustrée et à la sexualité adulte. »

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