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Vers une loi sur le port du voile par les sportives

Maglor - Le port du voile dans le sport français est au centre d'une nouvelle controverse, alors que le Sénat s'apprête à débattre d'une proposition de loi visant à interdire tout signe religieux dans les compétitions, y compris chez les amateurs. Une initiative qui ravive un sujet sensible, opposant les principes de laïcité à la liberté individuelle.

Une interdiction déjà en vigueur pour certaines disciplines

Le débat a pris de l'ampleur à l'occasion des Jeux olympiques de Paris, où les sportives françaises ont été contraintes de renoncer au port du voile. L'athlète Sounkamba Sylla a notamment été obligée de troquer son foulard pour une casquette afin de participer à la cérémonie d'ouverture. Cette restriction a suscité des critiques au niveau international, notamment de la part de la boxeuse australienne Tina Rahimi, qui combat elle-même avec un hijab.

En 2023, le Conseil d'État avait déjà confirmé l'interdiction du voile dans le football, une décision qui a inspiré plusieurs autres fédérations comme celles du volley-ball et du rugby. D'autres disciplines, telles que le handball ou l'athlétisme, autorisent cependant encore le port du voile.

Une proposition de loi pour uniformiser les règles

Le sénateur Michel Savin (LR) est à l'initiative d'une proposition de loi qui vise à interdire le port de signes religieux dans toutes les compétitions sportives. Selon lui, cette mesure répond à une demande d'harmonisation exprimée par certaines fédérations.

Le président de la Fédération française de volley-ball, Éric Tanguy, soutient cette interdiction en arguant que les fédérations sportives s'engagent à respecter les valeurs de la République. Pourtant, cette démarche ne fait pas l'unanimité. Le président du Comité olympique français (CNOSF), David Lappartient, admet que "la laïcité à la française" est difficilement comprise à l'étranger et que le pays a été le seul à interdire le hijab à ses sportives lors des JO de Paris.

Une menace pour la cohésion sociale ?

Cette initiative est vivement critiquée par certains sociologues et spécialistes du sport. Béatrice Barbusse, sociologue du sport, estime que l'interdiction du port du voile pourrait accentuer les tensions et marginaliser davantage certaines jeunes filles qui souhaitent pratiquer un sport. D'autant plus qu'un rapport de l'Institut des hautes études du ministère de l'Intérieur de mars 2022 n'a pas mis en évidence un phénomène massif de radicalisation dans le sport.

Les partisans de l'interdiction, à l'image de Michel Savin, estiment au contraire que cette question dépasse le cadre sportif et qu'il s'agit d'une stratégie de radicalisation religieuse. Ce point de vue est cependant contesté, faute de données chiffrées sur un véritable communautarisme sportif.

Un choix politique aux conséquences lourdes

Le vote de cette loi pourrait avoir des conséquences importantes sur l'image du sport français à l'international et sur l'inclusion des jeunes filles issues de certaines communautés. Certains clubs sportifs, confrontés à des demandes de clarification sur cette question, sont inquiets face aux répercussions possibles d'une interdiction systématique.

Le débat qui s'ouvre au Sénat le 18 février s'annonce donc crucial : s'agit-il d'une mesure de protection des valeurs de la République ou d'une restriction liberticide discriminant certaines sportives ? Une question qui continue de diviser l'opinion publique et les instances sportives.

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