
Depuis un an, trois jeunes Françaises travaillent sur un projet de plateforme de vidéos à la demande (VOD) qui proposera des films issus de tout le monde arabo-musulman, “du Maroc à l’Iran”.
Yema a à sa tête Juliette Gamonal, Léa Taieb et Marine Zana, trois femmes issues d’horizons distincts mais qui portent un projet commun : réunir sur une même plateforme des films de toute la zone MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord, allant du Maroc à l’Iran).
Début 2022, les premiers films devraient être accessibles exclusivement en France et uniquement en vidéo à la demande (VOD) dans un premier temps – comprendre qu’il n’y aura pas d’abonnement, mais simplement la possibilité de louer à l’unité.
La particularité du service résidera dans l’éditorialisation : chaque mois, une thématique sera proposée afin de braquer les projecteurs sur une sélection de films donnée, accompagnée d’un entretien avec une personnalité qui mettra en lumière son fil rouge.
À titre d’exemple, le mois de lancement sera dédié aux femmes, avec comme première invitée la romancière franco-marocaine Leila Slimani. “Nous sommes féministes et avons un intérêt pour le regard féminin, d’où le choix de ce thème”, justifient les cofondatrices.
Le succès des films arabes
Les films et les séries venus du Maghreb ou du Moyen-Orient connaissent un succès grandissant hors de leurs pays d’origine. On songe aux longs métrages primés ces dernières années dans les festivals internationaux – de Mustang à Taxi Téhéran en passant par Plumes ou Costa Brava, Liban – ou aux audiences records réalisées sur certaines plateformes audiovisuelles par les séries israéliennes ou turques, au premier rang desquelles En thérapie, la déclinaison française de la série psychanalytique Be Tipul.
Pour qui veut accéder à ces œuvres depuis l’Europe ou l’Afrique subsaharienne pourtant, tout se complique. Les grandes plateformes de diffusion généralistes, sans même parler des chaînes de télé, diffusent ce type de contenus au compte-gouttes et beaucoup de spectateurs intéressés finissent par se rabattre sur les site de streaming illégaux.
Mis sur pied au début de cette année, le projet est aujourd’hui bien avancé, comme l’explique Juliette Gamonal «. Le but est de lancer Yema début 2022, avec une plateforme technique suffisamment bien conçue pour soutenir la comparaison avec les Netflix et équivalents. La première année il n’y aura que des films, nous prévoyons de proposer des séries à partir de 2023. Nous serons d’abord sur un principe d’achat à l’acte, à 3,99 euros le film. C’est un tarif dans la moyenne du secteur, seul Netflix peut se permettre de vendre des abonnements à prix vraiment très bas. Mais l’idée est d’aller rapidement vers de l’abonnement. »
Campagne de crowdfunding
Actuellement, la plateforme bénéficie d’une campagne de crowdfunding sur le site Ulule afin de boucler le budget nécessaire au développement technique et à l’achat des droits de diffusion. Elle est également soutenue par un incubateur de start-ups parisien, Lincc. « Ce qui nous manque encore, résume Léa Taieb, ce sont des investisseurs pour financer le développement et la communication permettant de nous faire connaître. Sur ces deux points, Lincc nous accompagne. À ce stade, l’idée est d’aller chercher les spectateurs intéressés par ce cinéma là où ils sont. Donc sur les réseaux sociaux, mais aussi dans des festivals dédiés au cinéma oriental ou auprès d’institutions spécialisées sur la culture du Maghreb ou du Moyen-Orient, que nous avons déjà commencé à démarcher. »