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Algérie : un isolement géopolitique accentué en juillet 2025

Abdellah El Hattach Analyste maghrébin résidant en Europe- Alors que les grands équilibres géopolitiques se redessinent en Afrique du Nord et au Sahel, l’Algérie semble s’enfoncer dans un isolement diplomatique inquiétant. Non pas un isolement imposé, mais un isolement choisi, entretenu par une diplomatie rigide, enfermée dans une lecture passéiste du monde.

Ce repli stratégique contraste violemment avec l’activisme de ses voisins. Le Maroc s’impose comme un hub régional grâce à une diplomatie agile et à des alliances solides sur plusieurs continents. La Tunisie, bien que fragile, tente de diversifier ses partenariats. Même la Mauritanie, discrète, évite les embûches idéologiques. L’Algérie, elle, reste figée.

L’erreur de l’intransigeance

L’affaire du Sahara occidental est emblématique. En refusant toute évolution de sa position, Alger se coupe d’alliés historiques, de partenaires potentiels, et finit par céder un avantage stratégique à Rabat. Aujourd’hui, plus de 85 pays soutiennent le plan d’autonomie marocain. L’Algérie, elle, reste seule, avec le Venezuela et quelques vestiges d’une époque révolue.

Ce qui pouvait être perçu autrefois comme de la fidélité à un principe de décolonisation est aujourd’hui perçu comme de l’entêtement politique, surtout lorsque cette posture freine la coopération régionale, la stabilité sahélienne et les perspectives économiques communes.

Des alliances obsolètes

Autre erreur majeure : croire que Moscou et Pékin combleront le vide. Si la Russie reste un fournisseur d’armements, son implication au Sahel via Wagner entre en contradiction directe avec les intérêts algériens. Quant à la Chine, elle voit en l’Algérie un marché, non un partenaire politique influent. Pékin négocie avec tout le monde, y compris avec le Maroc, l’Égypte et Israël.

L’Algérie n’a ni les moyens militaires d’une puissance régionale, ni l’ouverture diplomatique d’un État visionnaire. Elle mise sur la rente gazière, mais le monde de demain sera vert, connecté, et orienté vers la convergence et non l’affrontement idéologique.

L’orgueil national ne suffit plus

Il est temps de dire les choses. L’Algérie se bat davantage contre des symboles que pour ses citoyens. Elle parle de souveraineté, mais néglige le développement local. Elle dénonce les cartes du Maroc sur les sites internationaux, mais oublie de promouvoir une diplomatie d’influence douce.

Son retrait des forums économiques africains, son absence d’initiatives culturelles internationales, sa politique d’expulsion des opposants ou d’intellectuels critiques : autant de signaux qui renforcent son image d’État cloisonné.

Et maintenant ?

Le peuple algérien mérite mieux. Il mérite un leadership capable d’articuler une vision ambitieuse, respectueuse de l’histoire mais tournée vers l’avenir. Cela suppose de s’affranchir de la posture victimaire, de renouer avec ses voisins, de mettre fin à la diplomatie de l’ombre et du soupçon.

L’Algérie ne manque pas de talents. Elle manque d’ouverture. Elle manque de courage politique.

Son isolement est un choix. Il est encore temps de choisir autre chose.

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