
Le témoignage captivant de ma rencontre avec Saïd ERRAY, l'un des jeunes Bziouis emblématiques de la quête d'une existence digne au sein d'une société menacée par les retombées du capitalisme et par les agissements souvent irréfléchis des classes ouvrières, se révèle une expérience profondément révélatrice.
Cette image fusionnelle avec Saïd ERRAY,, dont la lutte pour une vie décente fait écho à une société fragilisée par les impacts du capitalisme et par les attitudes incohérentes des classes ouvrières, suscite une réflexion profonde.
La boutique de Saïd ERRAY, parmi d'autres, se trouve actuellement en proie à des menaces qui émanent simultanément des acteurs capitalistes et de la classe ouvrière à laquelle appartient Saïd. À proximité de Bzou, dans une localité qui n'a pas encore atteint les critères ni les caractéristiques d'une ville authentique, des grands espaces commerciaux se sont déployés. Ces établissements, en plein essor, attirent désormais non seulement les classes des "arrivistes", mais aussi la classe "Ouvrière-Pauvre" issue de toutes les régions, y compris les résidents de Bzou. En résultant un abandon progressif des petites boutiques telles que celle de Saïd.
La concurrence grandissante des grandes surfaces commerciales et l'émergence de nouvelles options de shopping prédisposent inéluctablement à une baisse de fréquentation des petites boutiques, dont celles de Saïd. Cette compétition accumulée, couplée aux évolutions dans les habitudes de consommation, engendre une désertion graduelle des établissements traditionnels. Cette dynamique met en péril les moyens de subsistance de nombreux commerçants locaux, dont Saïd ERRAY,.
En France, par exemple, nous constatons l'extinction progressive des petites enseignes de quartier, telles que les bijouteries et les ateliers de couture. La prolifération des grands centres commerciaux et l'ascension du capitalisme en sont les principales causes.
La disparition des boutiques, à l'instar de celle de Saïd, consécutive à l'établissement des grandes surfaces commerciales, a généré une série d'effets sur les Français. Initialement, cela a contribué à l'affaiblissement des liens sociaux et à la vitalité des quartiers. Les boutiques de quartier servaient de jadis de lieux de rencontres et d'échanges entre les habitants. Les commerçants entretenaient souvent une relation personnelle avec leur clientèle, échangeant sur leurs préoccupations et offrant un sentiment d'intimité et d'appartenance au sein de la communauté. Désormais, ils se retrouvent isolés, peut-être connectés à un monde virtuel, mais cette connexion reste éphémère et finira par les confronter à leur solitude.
Cette désertion des boutiques traditionnelles a également engendré une perte de diversité commerciale et de services de proximité. Les artisans locaux, tels que cordonniers, horlogers et tailleurs, proposaient des services spécialisés que les grandes enseignes ne peuvent égaler. La disparition de ces artisans à privé les habitants d'un accès à des services pratiques et sur mesure.
Par ailleurs, l'avènement des grandes surfaces commerciales a induit une uniformisation de l'expérience d'achat. Ces enseignes proposent souvent des produits standardisés dans différentes régions, contribuant à une uniformisation qui réduit l'authenticité et la variété culturelle du commerce local.
Enfin, la fermeture des petites boutiques a eu des répercussions économiques sur les commerçants locaux. Nombre d'entre eux ont perdu leurs moyens de subsistance et ont été contraints de chercher d'autres opportunités ou de fermer définitivement. Les effets se font également sentir sur l'emploi, étant donné que ces boutiques employaient souvent des membres de la communauté locale.
La disparition des boutiques comme celle de Saïd, est devenue une réalité palpable au Maroc également. La mondialisation s'est en effet établie de manière significative dans le pays, et ses effets se manifestent à travers des disparités économiques et sociales flagrantes. Ces disparités ont abouti à une situation où certains citoyens possèdent des richesses équivalentes à des milliards de dollars, tandis que d'autres peinent à se procurer ne serait-ce qu'un simple khobza (Pain). Sans évoquer les disparités entre le rural,(la région de Bzou) et l'urbain, entre autres.
Sommes-nous en train de suivre aveuglément l'Occident, ou bien est-ce la mondialisation qui ne nous a pas épargnés ? Cette mondialisation, qui n'a pas pris en compte la préservation des acquis historiques et civilisationnels, ni l'effort de les transformer en un bénéfice partagé par toutes les nations du monde. Au lieu de cela, elle a opté pour la destruction de tout ce que les êtres humains avaient auparavant construit avec leurs luttes, leurs idées brillantes et leur vision profonde de soi et de l'existence.
Par le passé, lors de mes visites à une "Française" en maison de retraite, elle me confiait souvent : "Vous, les Marocains, ne renoncez pas à vos traditions, ne sacrifiez pas la famille et ne sacrifiez pas votre mode de vie." Mère de cinq enfants, tous des médecins, ingénieurs et avocats, elle a cependant achevé sa vie en maison de retraite et c'es rare qu'on demande de ses nouvelles.
Nos dirigeants savent-ils véritablement ce qu'ils font en tentant de suivre les traces de l'Occident et en reproduisant des modèles sans réelle réflexion ? Ont-ils une vision claire ou se contentent-ils d'une approche superficielle ( Copier - Coller), au détriment des valeurs et des principes qui constituent le socle de la cohésion sociale de notre pays bien-aimé, le Maroc ?
Minimiser l'importance des commerçants comme Saïd équivaut à altérer directement la dignité d'une nation dans son ensemble. Cependant, les soutenir et les encourager équivaut à reconnaître et à préserver le rôle vital de ces petites entreprises, ainsi que les interactions humaines qui les animent. Cette démarche essentielle est cruciale pour maintenir la dignité, la cohésion et l'épanouissement de la population marocaine, renforçant ainsi les bases du bien-être collectif. Cela reflète la profonde importance que Sa Majesté a mise en avant dans son discours, illustrant son sérieux à cet égard.