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Quand la corruption infecte l’éducation : un danger pour l’avenir de la nation

Par : Aziz Rabbah
Samedi 17 mai 2025

« الراشي والمرتشي في النار » – ce hadith prophétique m’a toujours interpellé par la sévérité du châtiment qu’il évoque. Pourquoi une telle condamnation divine ? La réponse se trouve dans les ravages profonds et durables que cause la corruption dans nos sociétés.

Aujourd’hui, les rapports officiels évoquent l’existence de secteurs gangrenés par la corruption, avec des conséquences sociales, économiques et humaines désastreuses. La corruption prive les citoyens de leurs droits, détruit des familles, ruine des projets et compromet les chances de développement du pays.

Mais ce qui alarme le plus, c’est quand cette corruption s’attaque au cœur même de l’avenir : l’éducation.
Nous avons appris avec stupeur ces dernières années que des affaires de corruption touchent l’enseignement supérieur. La tricherie ne se limite plus aux marchés ou aux équipements, mais atteint désormais les diplômes, les compétences et la formation des élites futures.

Un fléau moral et stratégique

Si un citoyen obtient un diplôme en payant un pot-de-vin – en argent, en services ou en faveurs – alors il entre dans le système avec un déficit de compétence mais un excès de duplicité. Il devient potentiellement un agent actif de la corruption dans tous les domaines qu’il intégrera par la suite : santé, justice, administration, économie, politique, culture, médias...

Pire encore, lorsqu’il atteint des fonctions de formation ou de recrutement, il reproduit ce modèle et contribue à créer une génération entière bâtie sur la fraude, la médiocrité et l’injustice. C’est ainsi que le système s’empoisonne de l’intérieur, lentement mais sûrement.

Un appel à la vigilance et à l’action

Face à cela, nous devons soutenir sans réserve les efforts que déploie l’État pour combattre la corruption, notamment à travers la justice, les inspections, la numérisation des procédures, la transparence et la responsabilisation.

Mais l’État ne peut pas tout faire seul. La société – parents, étudiants, enseignants, intellectuels, médias – doit elle aussi jouer un rôle central dans la lutte contre cette gangrène silencieuse.

La réforme de l’éducation et de l’enseignement supérieur ne peut réussir que si elle est fondée sur l’intégrité, le mérite et l’excellence. La diplomatie, l’économie, la sécurité, la culture… tout dépend de la qualité humaine et morale de ceux qui les portent.

L’histoire nous enseigne que lorsqu’un peuple cesse de lutter contre l’injustice, il finit par en payer le prix – collectivement et sur plusieurs générations.

Conclusion

Nous ne devons pas fermer les yeux. Il ne s’agit pas ici de juger, mais d’agir. De rétablir la confiance dans l’éducation. D’empêcher que nos diplômes deviennent une monnaie d’échange. D’arrêter la fabrication des fausses élites.

« وَمَا كَانَ رَبُّكَ لِيُهْلِكَ الْقُرَى بِظُلْمٍ وَأَهْلُهَا مُصْلِحُونَ »
– Le Coran, Sourate Houd, verset 117

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