Un homme est mort dans la nuit de lundi à mardi lors de heurts à Tébourba, près de Tunis. Le pays fait face à des protestations contre la vie chère, sept ans après sa révolution.
Selon le ministère de l'Intérieur, 44 personnes ont été interpellées à travers le pays pour port d'armes blanches et divers faits de violence. Onze agents de police ont été blessés et plusieurs bâtiments publics endommagés lors de heurts qui ont touché plusieurs villes tunisiennes dans la nuit.
Des affrontements ont éclaté lundi dans plusieurs villes du pays entre la police et des manifestants qui protestaient contre le chômage, l'inflation et la création de nouvelles taxes et hausses de prix dans le cadre de ce budget.
Des échauffourées ont repris mardi soir entre manifestants et forces de l'ordre. Des jeunes sont descendus dans la rue par centaines à Tebourba, à 30 km à l'ouest de Tunis, où des policiers et de militaire déployés en force ont répliqué à des jets de pierre à coups de gaz lacrymogènes, a constaté un journaliste de l'AFP.
Des «casseurs»
Un homme de 43 ans est mort à Tébourba, à une quarantaine de kilomètres à l'ouest de Tunis. Le ministère de l'Intérieur a démenti qu'il a été tué par la police, soulignant qu'il ne portait aucune marque de violence. Selon son porte-parole Khlifa Chibani, il souffrait de «problèmes respiratoires».
«(Lundi) soir, nous n'avons pas vu des protestations, mais des gens qui cassent, volent et agressent les Tunisiens», a affirmé le Premier ministre Youssef Chahed sur les ondes de la radio privée Mosaïque FM.
«Nous disons aux casseurs et à ceux qui les incitent que, pour le gouvernement, la seule solution est d'appliquer la loi. Le gouvernement est prêt à écouter mais chaque personne voulant manifester doit le faire de manière pacifique», a-t-il prévenu.
Ces incidents interviennent au moment où la grogne sociale monte en Tunisie, notamment contre la hausse de la TVA et des contributions sociales entrée en vigueur au 1er janvier dans le cadre d'un budget 2018 d'austérité.
Une manifestation à l'appel d'un collectif d'organisations de la société civile a rassemblé sans incident une centaine de personnes mardi dans le centre de Tunis. Plusieurs centaines d'autres ont manifesté à Regueb, dans le centre défavorisé du pays, a indiqué un correspondant de l'AFP, près de la ville de Sidi Bouzid, d'où était partie en décembre 2010 la contestation sociale qui avait marqué le début des Printemps arabe.
Le Front populaire, coalition de l'opposition, a appelé à la poursuite du mouvement de contestation contre le budget 2018, considéré comme «injuste». «Aujourd'hui, nous avons une réunion avec les partis d'opposition pour coordonner notre mouvement, mais nous resterons dans la rue et nous allons manifester encore plus fort jusqu'à ce que cette loi de finances injuste soit retirée», a dit à la presse le porte-parole du Front populaire, Hamma Hammami.
«Dernière année difficile»
Youcef Chahed a pour sa part lancé un appel au calme, annonçant une amélioration de la conjoncture économique cette année. «Les gens doivent comprendre que la situation est exceptionnelle et que notre pays est confronté à des difficultés, mais nous pensons que 2018 sera la dernière année difficile pour les Tunisiens», a-t-il dit.
Le ministre des Finances Ridha Chalghoum a assuré que le gouvernement garderait le cap des augmentations d'impôts. Il a toutefois précisé que le gouvernement «s'est engagé à ne pas augmenter les produits de première nécessité, les taxes ne touchent en rien le panier des produits alimentaires car ils sont hors champ TVA».
Dimanche soir à Tunis, la police avait dispersé des jeunes protestant près du ministère de l'Intérieur pour exiger l'annulation de l'augmentation des prix.
Le mois de janvier est traditionnellement marqué par une mobilisation sociale en Tunisie depuis la révolution de 2011. Cette année, le contexte est particulièrement tendu à l'approche des premières élections municipales de l'après-révolution, plusieurs fois reportées et prévues en mai.