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La Tunisie se lance dans la culture de la stévia

L’Agence Turque de coopération et de coordination (TIKA) soutient une coopérative dans son projet production de la stévia dans le gouvernorat tunisien de Sidi Bouzid, ville emblématique de la Révolution tunisienne.

Pionnier dans le déclenchement de la Révolution tunisienne, le gouvernorat de Sidi Bouzid se dote d’ambitieux projets pour relever le défi du développement économique.

Originaire d’Amérique du Sud, la stévia, alternative naturelle au sucre et aux édulcorants de synthèse, est aujourd’hui majoritairement cultivée en Chine.

Dans une interview accordée à l’Agence Anadolu (AA), le responsable de la coopérative, Mongi Kaddoussi, vétérinaire de formation qui porte un intérêt particulier aux plantes médicinales, explique comment il a pensé à cultiver la plante sucrée.

"On a pensé à cultiver la stévia car mon père était un homme âgé atteint de diabète. Un ami m’a parlé de la stévia puis il m’a apporté un petit paquet que j’ai donné à mon père", a déclaré Kaddoussi.

Ce dernier explique qu’il a d’abord réalisé un prototype en cultivant de la stévia sur une petite parcelle.

"On a ramené quelques graines de stévia, qui nous ont coutés très cher. J’ai fait un prototype, une petite parcelle de stévia. On a très bien réussi, c’était en 2013-2014", a-t-il ajouté.

Projet ambitieux et financièrement lourd, la culture de la stévia était néanmoins éphémère jusqu’à ce que le responsable de la coopérative fasse la connaissance de la TIKA.

"Il s’agissait d’un projet très lourd d’un point de vue financier. J’ai entendu parler de la TIKA lorsque je cherchais quelqu’un intéressé par la réalisation d’un projet pilote pouvant être bénéfique pour la région et pour tout le monde. J’ai fait la connaissance de la TIKA d’une part sur les réseaux sociaux et d’autre part, lorsque je discutais avec un ami de la société civile. Cet ami m’a beaucoup parlé de la TIKA car elle fait des projets pilotes qui ont de l’impact et qui ont des effets sur les différentes catégories sociales", a-t-il poursuivi.

Le responsable a noté qu’un projet détaillé allant des besoins aux modes de financement a été présenté à la TIKA en premier lieu. Aujourd’hui confirmé, le projet pilote est une première en Tunisie.

Réjouit par le projet, le responsable de la coopérative a indiqué que la culture s’effectuera dans le gouvernorat Sidi Bouzid. Un emplacement symbolique compte tenu du rôle de la ville dans la Révolution du Jasmin communément appelé "Printemps arabe" (2011).

"Sidi Bouzid a été exemplaire lors de la Révolution. Elle redevient exemplaire 7-8 ans après grâce à ce type de culture. C’est un modèle turc de développement. L’exemple dont la ville a fait preuve lors de la Révolution, se réalisera de nouveau en termes de développement et d’accomplissement des objectifs. C’est là le facteur de réussite de cette plante. On en a fait l’expérience et on a très bien réussi", a-t-il martelé.

Selon le responsable de la coopérative, la culture de la stévia, qualifiée parfois de "plante magique" aura un impact sur plusieurs niveaux, social et économique.

"Elle (la stévia) remplace [pour les diabétiques] bien l’aspartame et les produits chimiques, pour lesquels subsistent beaucoup de points d’interrogations sur leurs effets, notamment cancérogène. Donc, il y a un effet bénéfique pour la santé", a expliqué le responsable. Cependant, la culture de la stévia présente également un avantage économique non négligeable car cette plante, chère à l’importation, sera plus accessible une fois cultivée sur place.

"Sur le plan social, nous sommes coopératifs, c’est l’économie sociale solidaire, du commerce équitable, parce que si on ramène le stévia de la Chine ou du Paraguay, elle coûtera plus cher. C’est pourquoi on peut la cultiver, et produire de la stévia à bas prix", a-t-il souligné.

"La stévia sera à la portée de tout le monde, en l’occurrence d’1,7 millions d’individus souffrants de différents types de diabète", insiste le responsable de la coopérative.

Il a également remercié la TIKA pour sa contribution à la réalisation de ce projet.

"Ce projet était un rêve pour nous, car il a de l’impact sur beaucoup de classes économiques et sociales. Il peut créer une nouvelle activité industrielle. Cette opportunité c’est la TIKA qui nous l’a accordé et nous la remercions infiniment. Nous remercions également la Turquie et le peuple turc qui nous ont donnés la chance de réaliser un tel projet. Cela ne sera pas uniquement bénéfique pour la Tunisie et Sidi Bouzid mais pour beaucoup d’autres pays. Il était très important de faire cette expérience ici pour réaliser d’autres projets", a-t-il ajouté.

Quant à la culture de la "plante magique", celle-ci nécessite plusieurs étapes méticuleuses que le responsable rapporte à Anadolu.

"La chaîne de valeur de la Stévia commence dès le début par le semis, puis par le repiquage des plantes qui ont fait leur croissance dans les pépinières, parce que c’est une plante fragile qui demande une bonne maîtrise des conditions environnantes. Le repiquage demande du sol léger, très bien drainé, pour qu’il n’y ait pas de problèmes de blocage au niveau de la plante et pour qu’elle donne beaucoup plus de production", a-t-il expliqué.

En outre, il a indiqué que différents types de bénéficiaires participent au projet pilote.

"Les employés seront les premiers bénéficiaires. Au niveau de la coopérative, il y a quinze bénéficiaires, il y aura des revenus. Dans les périodes de pic, nous aurons besoin de douze à quinze employés, mais lorsqu’il n’y aura pas beaucoup de besoins, on aura au moins 3 à 4 ouvriers permanents, pour le projets de 5 hectares de Stévia", a-t-il ajouté.

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Stevia

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Stevia regroupe environ 240 espèces d'herbes aromatiques ou d'arbrisseaux dont quelques-unes contiennent des édulcorants naturels, notamment Stevia eupatoria et Stevia rebaudiana, connues sous le nom générique de stevias. Originaire d’Amérique du Sud, cette plante pousse à l'état sauvage dans des prairies ou des massifs montagneux, sous un climat semi-aride. Sa faible teneur en glucides en fait un ingrédient alimentaire substitut du saccharose. De plus, son effet négligeable sur le taux de glucose dans le sang en fait un édulcorant compatible avec les régimes pour diabétiques et les régimes hypoglycémiques.

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