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À Tunis, Giorgia Meloni défend son modèle migratoire : coopération en échange du contrôle des flux

Maglor - Tunis, août 2025 – La présidente du Conseil italien, Giorgia Meloni, était une nouvelle fois à Tunis cette semaine, confirmant l’ancrage de la Tunisie dans le dispositif migratoire méditerranéen voulu par Rome. À travers ce partenariat renforcé, l’Italie défend un modèle de coopération basé sur l’échange entre soutien économique et contrôle accru des flux migratoires en direction de l’Europe.

Un partenariat au cœur du “modèle Meloni”

Depuis la signature du Mémorandum d’entente entre l’Union européenne et la Tunisie en juillet 2023, Giorgia Meloni n’a cessé de vanter les mérites de ce qu’elle considère comme un nouveau paradigme migratoire euro-africain. L’idée est simple : offrir un appui économique et logistique à des pays partenaires en contrepartie d’un renforcement de leurs dispositifs de contrôle migratoire.

La Tunisie est ainsi devenue une pièce maîtresse du “Plan Mattei pour l’Afrique”, projet lancé par l’Italie pour associer aide au développement et coopération migratoire. Meloni voit dans cette approche une “réponse pragmatique et respectueuse des souverainetés”, à même de freiner les traversées illégales de la Méditerranée.

Centres de rétention et surveillance renforcée

Au centre de cette stratégie, la mise en place de centres de rétention pour migrants sur le sol tunisien, à Bir Fatnassi (gouvernorat de Tataouine), suscite autant de soutien que de vives critiques. Ces centres sont destinés à accueillir les migrants en situation irrégulière interceptés avant qu’ils ne prennent la mer vers l’Europe.

Malgré les déclarations de bonne volonté, des ONG de défense des droits humains dénoncent des détentions arbitraires, des refoulements vers les frontières libyennes, et une instrumentalisation des migrants dans une logique purement sécuritaire.

Une baisse relative des arrivées... avant un rebond

Les autorités italiennes se félicitent d’une diminution de plus de 60 % des arrivées irrégulières par voie maritime entre fin 2023 et mi-2024, principalement sur la route tuniso-italienne. Mais ce recul a été de courte durée : depuis le printemps 2025, les traversées reprennent, avec une augmentation de près de 40 % observée au premier semestre.

Face à ce rebond, Giorgia Meloni continue de défendre son modèle comme la seule alternative crédible à l’inaction européenne. Pour elle, il ne s’agit pas uniquement de stopper les départs, mais d’installer une logique de co-développement, avec des investissements ciblés, notamment dans les secteurs agricoles, énergétiques et de formation.

Un modèle contesté... mais adopté ?

Le “modèle Meloni” fait école. Plusieurs pays européens, comme l’Espagne, la Grèce ou encore l’Autriche, s’intéressent à cette formule mêlant externalisation des frontières et coopération ciblée. En parallèle, des pays comme la Mauritanie ou l’Égypte ont entamé des discussions similaires avec Rome.

Pour autant, la question reste posée : ce modèle est-il viable à long terme, respectueux des droits humains et réellement efficace face aux causes profondes des migrations ? La Tunisie, elle, avance à pas mesurés, entre pressions extérieures, besoins économiques et préservation de sa souveraineté.

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