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Tunisie : Le Premier ministre suspendu du parti au pouvoir

(Reuters) - Le parti au pouvoir en Tunisie, Nidaa Tounes, a annoncé vendredi avoir suspendu l'adhésion du Premier ministre Youssef Chahed, en raison d'un différend avec le fils du président.

Youssef Chahed avait déclaré en mai dernier que le fils du président, Hafedh Caïd Essebsi, qui est aussi le directeur exécutif de Nidaa Tounes, avait détruit le parti au pouvoir, et que la crise au sein du parti avait affecté les institutions de l'Etat.

"Le parti a décidé de geler l'adhésion de Chahed", déclare Nidaa Tounes dans un communiqué publié vendredi.

Le fils du président a appelé à la destitution du Premier ministre en raison de l'incapacité de son gouvernement à relancer l'économie.

Son appel a été soutenu par le puissant syndicat UGTT, qui a rejeté les réformes économiques proposées par le Premier ministre. Mais le parti islamiste modéré Ennahda a rejeté les appels à la démission du chef du gouvernement, faisant valoir que le départ du Premier ministre risquait de déstabiliser le pays à un moment où il a besoin de réformes économiques.

"Malgré le manque de soutien politique au gouvernement, nous procéderons aux réformes économiques l'année prochaine, y compris la réforme des subventions et des fonds sociaux", a déclaré Youssef Chahed.

En juillet, le président Béji Caïd Essebsi avait appelé le Premier ministre à démissionner ou à demander un vote de confiance au Parlement.

La Tunisie a été saluée comme le seul succès démocratique issu des Printemps arabes. Le mouvement de protestation qui a débouché sur le renversement de l'autocrate Zine El Abidine Ben Ali en 2011 ne s'est pas traduit par le genre de violences observées en Syrie et en Libye.

Mais depuis 2011, neuf gouvernements se sont succédé. Ils n'ont pas réussi à résoudre les problèmes économiques, notamment l'inflation et le chômage.

L'impatience grandit parmi les créanciers de la Tunisie, notamment le Fonds monétaire international, qui maintient le pays à flot.

 

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Samir Abdelli : L'éviction de Youssef Chahed est une erreur politique

Samir Abdelli, cadre de Nidaa Tounes et coordinateur régional de la circonscription de la banlieue nord de Tunis, a qualifié l'éviction de Youssef Chahed, décidée hier par le parti, de "décision dangereuse" et "d'erreur politique".

Dans un statut publié aujourd'hui, samedi 15 septembre 2018, sur sa page Facebook, l'avocat a appelé l'ensemble des membres du comité politique du parti ainsi que le chef du gouvernement à la retenue et au calme et à l'union autour du projet initié par le président de la République et fondateur du parti et ce, afin de parvenir à une solution apaisée surtout en ces temps difficiles et alors que les élections de 2019 sont proches.

Samir Abdelli explique aussi qu'il est dangereux d'utiliser les mécanismes du parti dans le but de régler ses comptes ajoutant que même s'il est d'accord avec le contenu du dernier communiqué, il demeure opposé à la décision de gel. "Il s'agit d'une erreur politique, contradictoire, sur le fond et la forme, avec les récentes déclarations du directeur exécutif du parti et contraire aux dispositions du réglement intérieur. Cette décision est dangereuse et aura des répercussions imprévisibles étant donné que Youssef Chahed est un jeune dirigeant important et qu'il représente le parti au sein du gouvernement d'union nationale", écrit-il.

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