
Plus de quatre mois après sa prise de pouvoir le 25 juillet, le président Kaïs Saïed a décidé de changer le jour férié qui symbolise la date du début de la révolution, par décret présidentiel annoncé jeudi. Une annonce qui reçoit déjà des critiques.
(RFI) - C’était un moment fort dans l’histoire de la révolution tunisienne où les « Dégage » des manifestants sur l’avenue Bourguiba à Tunis ont marqué l’histoire, le 14 janvier 2011, date de la chute du dictateur Ben Ali.
Mais plus de dix ans après, le président Kaïs Saïed a décidé que la célébration de cette révolution tunisienne devait être le 17 décembre, date à laquelle le vendeur Mohamed Bouazizi s’est immolé par le feu, donnant lieu à la vague du printemps arabe.
Un changement de date problématique selon Haythem El Mekki, journaliste radio et blogueur pendant la révolution. « Et pour lui le 14 janvier, c’est la date où la révolution a été récupérée ou avortée et les Tunisiens ont été empêchés de décider de leur destin, etc. Bien-sûr, il n’explique pas comment ça s’est fait, pourquoi il dit ça, il n’explique rien du tout. »
Pour Meriam Soualhia, 28 ans et activiste politique, il s’agit aussi d'une atteinte à la mémoire. « Moi, je pense que c’est plus logique et surtout plus consensuel de garder la date de 14 janvier parce qu’il ne faut pas oublier qu’entre le 17 et le 14 janvier, il y a plus de 350 Tunisiens qui ont donné leur vie à la patrie. »
Le président, toujours populaire dans les sondages a laissé entendre que des annonces importantes seraient faites en ce nouveau jour de fête nationale. La Tunisie vit toujours dans une période d’exception où le président s’est arrogé les pouvoirs.