Partager sur :

La maire écolo de Strasbourg mise au ban

L'écologiste Jeanne Barseghian, maire de Strasbourg, est mise au ban politique après avoir fait voter une subvention de plus de 2,5 millions d'euros pour la construction d'une mosquée d'obédience turque et ostensiblement islamiste.

La délibération adoptée par le conseil municipal de Strasbourg, prévoyant un financement de plus de 2,5 M€ pour la construction de la mosquée «Eyyub Sultan», portée par l’organisation islamiste turque Milli Görüs, jette une lumière nouvelle sur l’écologisme municipal, sept ans après l’élection d’Éric Piolle à Grenoble et surtout neuf mois après les victoires remportées par les candidats Europe Écologie - Les Verts (EELV) à Lyon, Strasbourg, Bordeaux, Besançon et Poitiers. C'est ce que souligne un éditorialiste du Figaro.

Jusqu’à présent, les sorties hasardeuses des écolos relevaient d'un folklore amusant et risible. Gregory Doucet (maire de Lyon) s'était prononcé contre le Tour de France.  Son homologue bordelais Pierre Hurmic avait renoncé au traditionnel sapin de Noël. Autant de décisions, certes stupides mais sans impact réel, qui avaient pu prêter à sourire.

Un choix politique lourd de sens

Avec la décision strasbourgeoise, contestée par tous les groupes politiques dont les socialistes, qui font pourtant partie de la majorité, les écologistes affirment un choix politique lourd de conséquences pour Strasbourg, mais aussi pour eux-mêmes sur le plan national, et par extension pour la gauche dans son ensemble.

Certes la situation particulière de l'Alsace-Moselle qui ne connaît pas la séparation de l'Eglise et de l'Etat autorise une commune à financer un lieu de culte. La question n'est pas là.

C’est en faisant cavalier seul, et en montrant une légèreté certaine dans l’allocation des fonds publics, que la majorité écologiste offre à Erdogan, le président turc, une manne substantielle pour une réalisation destinée à affirmer le rayonnement de l’islamisme turc, projet inséparablement politique et religieux, au cœur de la capitale européenne.

Fondée par l’ancien Premier ministre Necmettin Erbakan, Milli Görüs («vision nationale») est l’un des vecteurs de l’influence politico-religieuse turque en Europe. Faisant partie des organisations qui refusent de signer la charte de l’islam de France élaborée au sein du CFCM, ses représentants sont en première ligne pour défendre les positions agressives d’Erdogan contre la France, accusée «d’islamophobie».

Autrement dit, les écolos strasbourgeois font un cadeau conséquent à l’un des fleurons de l’offensive islamiste en Europe. Pour la capitale européenne des droits de l’Homme, c’est un drôle de symbole ; surtout au moment où Ankara se retire de la convention…d’Istanbul contre les violences faites aux femmes !

L'incompréhension des Arméniens strasbourgeois

La famille de Jeanne Barseghian est d'origine arménienne. Ce peuple a été décimé par les Turcs et continue d'être malmené. C'est pourquoi la communauté arménienne de Strasbourg s'est émue de l'affaire et reproche à la maire écolo d'oublier son histoire familiale : son arrière-grand-père fut l'une des premières victimes du génocide perpétré en 1915 par la Turquie.

La tactique pour sortir de l'impasse

Affolée par l'impact politique de son erreur, la maire écolo cherche aujourd'hui à sortir de cette situation inconfortable pour elle et qui met en péril son parti au niveau national. Elle va organiser un nouveau vote. "S'il n'y a pas de plan de financement robuste et transparent, s'il n'y a pas de réaffirmation claire de l'adhésion aux principes républicains, la laïcité, l'égalité femmes-hommes ou la non-ingérence dans la gouvernance, la subvention ne sera pas octroyée", assure la maire écolo. Aucune date n'a été fixée pour ce nouveau vote. Allons donc, madame l'écolo, c'est trop tard ...

Tahar Achour

Partager sur :