Maglor - La relation entre la France et l'Algérie atteint un nouveau point de tension, marqué par des incidents récents mettant en lumière une brouille de plus en plus marquée. Vendredi 10 janvier, Bruno Retailleau, ministre de l'Intérieur, a exprimé son indignation face au renvoi en France de l'influenceur algérien Doualemn, qualifiant cet acte de tentative d'"humiliation" envers la France. Ce cas, ajouté à une série d'événements récents, illustre une crise diplomatique persistante.
Un contexte explosif autour des influenceurs
L'affaire Doualemn débute avec l'expulsion de cet influenceur algérien, arrêté à Montpellier pour des propos menaçants diffusés sur TikTok. Bien qu'expulsé vers l'Algérie, ce dernier a été renvoyé en France le jour même, Alger refusant de l'accueillir malgré un passeport biométrique valide. À ce sujet, Retailleau s'est déclaré préoccupé par le climat actuel : "On voit bien que l'Algérie cherche à humilier la France."
D'autres arrestations ont eu lieu simultanément en France, notamment celle de Youcef A., alias "Zazou Youcef", accusé d’apologie du terrorisme, et d’Imad Tintin, ancien militaire algérien, interpellé pour menaces de mort à caractère racial ou religieux. Ces cas témoignent d'une montée des tensions entre les deux pays, alimentée par des opposants et influenceurs souvent accusés de déstabilisation.
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Le Sahara occidental : un nœud diplomatique
L'un des principaux points de discorde reste la question du Sahara occidental. La reconnaissance par la France, en juillet 2024, de la souveraineté marocaine sur ce territoire, a été perçue par Alger comme une trahison historique. Cette décision a exacerbé les tensions, poussant l'Algérie à rappeler son ambassadeur et dénoncer un "bafouement de la légalité internationale".
Emmanuel Macron a également intensifié les rancunes en réitérant son soutien au plan marocain lors de sa visite au Maroc en octobre 2024. Ce geste, applaudi à Rabat, a ravivé les griefs d'Alger, qui considère le soutien français comme une atteinte directe à sa politique régionale et à son rôle dans le conflit sahraoui.
L'arrestation de Boualem Sansal : un point de rupture
Autre dossier épineux : l'arrestation de Boualem Sansal, écrivain franco-algérien, à l'aéroport d'Alger en novembre dernier. Gravement malade, Sansal a été détenu pour des accusations d'atteinte à la sûreté de l'État, en raison de déclarations en faveur du Maroc. Emmanuel Macron a dénoncé une "détention arbitraire" et critiqué l'Algérie pour son manque d'humanité. Ces propos ont été rejetés avec virulence par Alger, qui a accusé Paris d'"immixtion inacceptable".
Des perspectives de réconciliation compromises
L'accumulation de ces incidents met en péril la stratégie de réconciliation mémorielle initiée par Emmanuel Macron en 2022. Bien que des efforts aient été faits pour apaiser les relations, notamment à travers des initiatives bilatérales, les récents contentieux semblent sceller un climat de défiance mutuelle.
Alors que la presse algérienne dénonce les "vieux démons" de la France coloniale, les autorités françaises restent sur une ligne officielle prônant le dialogue. Cependant, comme l’a déclaré l’historien Pierre Vermeren, spécialiste du Maghreb, "on est dans un contexte de tension maximale, c'est du jamais-vu".
La crise actuelle souligne la fragilité des relations entre les deux nations, liées par une histoire commune complexe mais divisées par des intérêts géopolitiques divergents. Seul un effort diplomatique majeur pourrait inverser la tendance, à condition que les deux parties acceptent de dépasser leurs différends historiques et contemporains.