Maglor - La Banque centrale européenne (BCE) ne compte pas voler au secours de la France en cas d’envolée de sa dette publique. C’est le message clair transmis par le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, ce vendredi au micro de BFM Business. Rappelant l’indépendance de la BCE vis-à-vis des gouvernements, il a souligné que cette autonomie était inscrite dans les traités européens ratifiés par les États membres.
La France, « cancre de la zone euro »
La situation budgétaire française devient alarmante : le déficit public, attendu à 6,1 % du PIB à la fin de l’année, dépasse largement la limite de 3 % fixée par les règles européennes. François Villeroy de Galhau a mis en garde contre cette dérive, appelant à une prise de conscience : « L’assouplissement monétaire remet encore plus sous le feu des projecteurs le nécessaire redressement budgétaire en France. La censure ne doit pas déboucher sur le déni de la réalité budgétaire. »
Le gouverneur a par ailleurs souligné que la France est le seul pays de la zone euro où l’endettement public, rapporté au PIB, continue d’augmenter, tandis qu’il diminue partout ailleurs. « La France, qui était autrefois en tête du peloton européen, se dirige aujourd’hui vers la queue de peloton… La dette nous coûte de plus en plus cher », a-t-il déclaré. En 2025, pour la première fois depuis des décennies, les intérêts de la dette devraient dépasser le budget alloué à l’éducation nationale. La charge de la dette est estimée à 54 milliards d’euros pour l’année à venir, alors que le gouvernement précédent, dirigé par Michel Barnier, prévoyait 60 milliards d’économies pour rétablir l’équilibre budgétaire.
Le fardeau de la dette : pire ennemi de la croissance
Malgré la gravité de la situation, le gouverneur de la Banque de France reste optimiste quant aux solutions possibles. « Nous avons un problème de dépense publique, mais nous en avons également la solution. Le redressement budgétaire est dans nos mains », a-t-il affirmé.
Répondant aux inquiétudes sur un possible ralentissement économique consécutif à des politiques d’austérité, François Villeroy de Galhau a assuré que le principal obstacle à la croissance était, aujourd’hui, l’incertitude budgétaire : « Si nous restions avec un déficit à 6 %, l’incertitude augmenterait encore. Cela signifierait moins d’investissement pour les entreprises, moins de consommation pour les ménages et donc moins de croissance ».
Les chiffres révèlent que l’inquiétude est partagée par une grande majorité de Français : « 86 % de nos concitoyens se disent inquiets face à la dette publique », a précisé le gouverneur.