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France : Les établissements scolaires ferment leurs portes pour au moins un mois

Les établissements scolaires ferment leurs portes pour au moins un mois

C'est la principale annonce que l'on retiendra de l'allocution d'Emmanuel Macron ce mercredi 31 mars. En plus de la généralisation des "mesures de freinage" renforcées à l'ensemble des départements métropolitains, qui va impliquer la fermeture de 60.000 commerces supplémentaires. Et la limitation des déplacements... mais à partir de mardi 6 avril seulement.

(Localtis) -Il y a eu le "confinement dur" du printemps dernier, puis le "confinement adapté" de l'automne, puis des mesures prises par étapes pour "freiner l’épidémie sans nous confiner". Voilà pour les épisodes précédents tels que résumés par Emmanuel Macron lors de son allocution télévisée ce 31 mars. A quoi ressemblera le suivant ? Toujours pas à un reconfinement. Trois principes sont mis en avant : la "sécurité", "l'équilibre", la "responsabilité" ("faire confiance"). Mais l'irruption du variant britannique, que le chef de l'Etat qualifie d'"épidémie dans l'épidémie", avec un virus désormais à la fois plus contagieux et plus dangereux, change la donne. Alors malgré le couvre-feu et malgré les restrictions en vigueur dans 19 départements – qui ont "de premiers effets", mais "trop limités" –, place aux "efforts supplémentaires".

Ecoles – C'est là le principal changement. De nombreuses voix réclamaient la fermeture de tous les établissements scolaires. D'autres, a minima l'avancement des dates des vacances scolaires. Ce sera au final un peu des deux, sans que l'exécutif ait à parler de vraie "fermeture" – celle-là même qui, avait-il été dit et répété, ne devait intervenir qu'en "dernier recours". En sachant que depuis de l'instauration de la règle "classe fermée dès le premier cas de covid", un très grand nombre d'élèves sont déjà privés de cours, le plus souvent dans la plus grande désorganisation.

Le schéma avancé par Emmanuel Macron est le suivant :

  • Semaine du 5 avril : "La semaine prochaine, les cours pour les écoles, collèges et lycées se feront à la maison, comme au printemps 2020" (sauf "pour les enfants des soignants et de quelques autres professions, qui seront accueillis, de même que les enfants en situation de handicap, qui doivent continuer à pouvoir être accueillis dans le secteur médico-social").
  • A partir du 12 avril, pour deux semaines, "la France entière, quelle que soit la zone de vacances, sera placée en vacances de printemps". Autrement dit, toute la France se retrouve calée sur le calendrier de la zone A. Ces vacances devaient intervenir une semaine plus tard pour la zone C et deux semaines plus tard pour la zone B. Tant pis pour les salariés ayant déjà posé des semaines de congé pour coller au calendrier de leurs enfants.
  • 26 avril : reprise pour tout le monde. Mais "physiquement" uniquement pour les maternelles et les primaires. Pour les collèges et lycées, nouvelle semaine de cours à distance.
  • 3 mai : reprise des cours en présentiel pour les collégiens et lycéens, "le cas échéant avec des jauges adaptées" (autrement dit possible extension aux collègues des demi-jauges déjà en vigueur au lycée ?).

Quant aux étudiants, ils "pourront, pour ceux qui le souhaitent, continuer durant toute cette période à se rendre à l’université pour une journée de cours par semaine".
Enfin, on relèvera que les crèches, soumises au même régime que les établissements scolaires, vont être fermées pour trois semaines à partir de la semaine prochaine.

Généralisation des restrictions – Dans la mesure où "plus aucune région métropolitaine n’est aujourd’hui épargnée" les "règles qui sont en vigueur dans les 19 départements en vigilance renforcée seront étendues à tout le territoire métropolitain dès ce samedi soir et pour 4 semaines." Ce qui implique notamment, on le sait, la fermeture des commerces non-essentiels (donc tous ceux ne figurant pas sur la liste fournie par le décret du 19 mars) et une attestation obligatoire en journée pour les déplacements au-delà de 10 kilomètres du domicile pour "motifs impérieux". Les rassemblements de plus de six personnes ont aussi été mentionnés et Emmanuel Macron a précisé que "les contrôles, les sanctions seront renforcées sur la voie publique" pour limiter ces rassemblements et pour "encadrer la consommation d’alcool". Parallèlement, le couvre-feu est évidemment maintenu.

Déplacements inter-régionaux – Depuis deux semaines, pour les habitants des 19 départements sous "mesures de freinage renforcées", ces déplacements étaient clairement interdits. Et mardi encore, le ministre de l'Intérieur faisait savoir que les contrôles de policiers et gendarmes seraient intensifiés "dès jeudi" en amont du weekend de Pâques "sur les péages, dans les gares, pour éviter que les Français ne respectent pas la règle des 10 kilomètres, jusqu'à lundi-mardi". "Il s'agit de souligner l'importance, lors de ce weekend à hauts risques, de ne pas partir de son territoire", avait ajouté Gérald Darmanin.

Or, surprise, Emmanuel Macron a déclaré : "Nos concitoyens qui souhaitent changer de région pour aller s’isoler pourront le faire durant ce weekend de Pâques". Et l'un des visuels projetés dit bien lui aussi : "Pas de déplacements inter-régionaux après le 5 avril sauf motif impérieux". Au-delà du seul weekend de Pâques soudainement propice aux visites familiales, cela ressemble fort à une autorisation de partir se mettre au vert pour les semaines à venir… par exemple pour les citadins heureux propriétaires d'une résidence secondaire prête à accueillir télétravailleurs et enfants en vacances jouant au milieu des glycines du jardin (toute ressemblance avec le premier confinement…). Mais attention, une fois qu'ils y seront, il faudra y rester 4 semaines. En tout cas, le site internet de la SNCF avait été pris d'assaut ce mercredi soir.

Quand est-ce qu'on rouvre ? Lors de leurs dernières conférences de presse, Jean Castex et Olivier Véran s'étaient refusés à donner la moindre indication concernant tous les secteurs mis à l'arrêt depuis l'automne dernier. Les choses restent peu précises… mais une toute première esquisse a été avancée par Emmanuel Macron pour, notamment, les lieux de culture. "Je reviendrai vers vous prochainement pour préciser un agenda de réouverture, et pour que chacun puisse aussi se projeter avec plus de visibilité dans les mois qui viennent", a-t-il dit. Son pronostic actuel :  "Dès la mi-mai, nous recommencerons à ouvrir avec des règles strictes certains lieux de culture, nous autoriserons sous conditions l’ouverture des terrasses". Puis "nous allons bâtir entre la mi-mai et le début de l’été un calendrier de réouverture progressive pour la culture, le sport, le loisir, l’événementiel, nos cafés et restaurants".
 

Le Premier ministre Jean Castex doit défendre ces mesures et apporter des précisions ce jeudi 1er avril en s'adressant aux deux chambres du Parlement, avant un débat suivi d'un vote. "Ce débat se tiendra le matin à l'Assemblée nationale", à partir de 9h00, "puis au Sénat l'après-midi", a précisé Matignon, en ajoutant qu'il s'effectuait sur la base de l'article 50-1 de la Constitution qui n'engage pas la responsabilité du gouvernement. Les députés LR ne prendront pas part au vote, a indiqué mercredi soir à l'AFP le président du groupe, Damien Abad : "Nous avons décidé à l'unanimité de ne pas participer au vote car nous n'avons pas à voter sur une décision déjà prise".

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