Maglor - Le ministre espagnol de l'Intérieur, Fernando Grande-Marlaska, récemment qualifié de « remarquable » la coopération entre le Maroc et l'Espagne en matière de sécurité, présente son caractère « exceptionnel et extraordinaire ». Cette déclaration, faite lors de l'inauguration des nouvelles installations du centre cynophile de la police nationale à Valladolid, a mis en lumière une relation bilatérale de plus en plus cruciale dans la gestion des défis sécuritaires contemporains.
Une relation stratégique renforcée par des enjeux communs
Depuis plusieurs années, la coopération entre le Maroc et l'Espagne en matière de sécurité s'est intensifiée, en raison de l'importance géopolitique de la région et des enjeux partagés. Situés aux portes de l'Europe et de l'Afrique, ces deux pays sont confrontés à des défis communs liés à la gestion des migrations, à la lutte contre le terrorisme et à la criminalité transfrontalière, notamment le trafic de drogue et la contrebande.
La proximité géographique du Maroc avec l'Espagne, notamment via les enclaves de Ceuta et Melilla, en fait un partenaire stratégique incontournable pour Madrid dans sa politique sécuritaire. Fernando Grande-Marlaska a ainsi mis en avant l'importance de cette relation basée sur « la confiance et la bonne foi », affirmant qu'il s'agit d'un travail quotidien qui sert les intérêts des deux sociétés et garantit les droits et libertés de tous.
Lutte contre l'immigration illégale et le crime organisé : des succès majeurs
L'un des piliers de cette coopération repose sur la gestion de l'immigration clandestine. Le Maroc, en tant que pays de transit pour de nombreux migrants d'Afrique subsaharienne cherchant à atteindre l'Europe, joue un rôle central dans la régulation des flux migratoires vers l'Espagne. Les autorités marocaines, en collaboration avec leurs homologues espagnoles, mènent régulièrement des opérations pour contenir ces flux, en renforçant la surveillance des côtes et en démantelant des réseaux de passeurs.
Ce partenariat a permis de réduire considérablement les arrivées de migrants irréguliers en Espagne ces dernières années. En 2022, les données fournies par le ministère espagnol de l'Intérieur ont montré une baisse significative des traversées en provenance du Maroc, grâce à l'amélioration des dispositifs de contrôle et à l'échange d'informations entre les forces de sécurité des deux. paie. Cette coordination s'est intensifiée dans les enclaves de Ceuta et Melilla, points névralgiques des tentatives d'entrées irrégulières en Europe.
Par ailleurs, la lutte contre le crime organisé, en particulier le trafic de drogue, est un autre domaine clé de cette coopération. Le détroit de Gibraltar et les côtes méditerranéennes sont des routes privilégiées pour le transit des stupéfiants, notamment de cannabis, en provenance du Maroc vers l'Europe. La collaboration des forces de sécurité des deux contribue à de nombreuses saisies de drogues et à l'arrestation de membres influents de réseaux criminels transnationaux.
Grande-Marlaska a souligné lors de son discours l'importance de cette coopération « pour lutter contre le crime organisé dans un esprit empreint de coopération, de loyauté, de fidélité et de professionnalisme ». Ces efforts conjoints ont été couronnés de succès à plusieurs reprises, comme lors du démantèlement de réseaux de trafic de drogue opérant entre les deux pays ou des opérations anti-terroristes coordonnées.
La lutte contre le terrorisme : une priorité partagée
Au-delà de l'immigration et du trafic de drogue, la lutte contre le terrorisme est un autre domaine où la coopération hispano-marocaine est cruciale. Le Maroc, ayant lui-même été confronté à des attaques terroristes, est un allié essentiel pour l'Espagne dans la lutte contre les cellules djihadistes actives dans la région du Maghreb et du Sahel.
Les deux pays collaborent étroitement en matière de renseignement, notamment via des échanges réguliers d'informations sur les mouvements et les activités de groupes terroristes. Cette coordination a permis de prévenir plusieurs attaques sur le sol espagnol et marocain, et d'interpeller des individus radicalisés avant qu'ils ne passent à l'acte. Le rôle du Maroc dans le démantèlement des cellules terroristes ayant des ramifications en Europe a été salué à plusieurs reprises par les autorités espagnoles et européennes.
En avril 2021, les forces de sécurité des deux pays ont, par exemple, mené une opération conjointe qui a permis l'arrestation d'un terroriste présumé lié à l'organisation État islamique. Ces actions démontrent l'efficacité de la collaboration en matière de lutte contre le terrorisme, renforcée par une volonté partagée de protéger les deux populations contre cette menace.
Une coopération qui transcende les tensions diplomatiques
Cette étroite collaboration sécuritaire se poursuit malgré les tensions diplomatiques occasionnelles entre les deux pays. En 2021, une crise majeure a éclaté à la suite de l'accueil par l'Espagne du chef du Front Polisario, Brahim Ghali, pour des raisons médicales, ce qui avait provoqué la colère de Rabat. Cependant, la gestion des questions sécuritaires continue de fonctionner sans interruption, les deux gouvernements reconnaissant l'importance stratégique de leur partenariat dans ce domaine.
Le ministre Grande-Marlaska a d'ailleurs rappelé que dans un « monde globalisé », la coopération entre États voisins est plus que jamais nécessaire pour faire face aux menaces transnationales. La relation entre le Maroc et l'Espagne est ainsi un modèle de coopération pragmatique, où la sécurité commune prime sur les différends politiques temporaires.
Vers un renforcement de la coopération bilatérale ?
Les récentes déclarations de Fernando Grande-Marlaska laissent entrevoir une volonté de renforcer encore davantage cette collaboration exceptionnelle. L'inauguration du centre cynophile de la police nationale à Valladolid, qui servira notamment à ancienne des équipes canines spécialisées dans la détection de stupéfiants et d'explosifs, est un exemple concret des outils mis en place pour améliorer l'efficacité des forces de sécurité espagnoles.
À l'avenir, on peut s'attendre à une intensification des échanges entre les deux pays, notamment à travers des projets conjoints en matière de formation, d'équipements technologiques et de gestion des frontières. Ce partenariat exemplaire pourrait même servir de modèle pour d'autres pays européens et africains cherchant à renforcer leur coopération sécuritaire.
Conclusion
La coopération sécuritaire entre le Maroc et l'Espagne, saluée par le ministre espagnol de l'Intérieur, repose sur des bases solides de confiance et de loyauté. Qu'il s'agisse de la lutte contre l'immigration illégale, le crime organisé ou le terrorisme, cette collaboration bilatérale se distingue par son efficacité et son impact sur la stabilité régionale. Malgré les aléas diplomatiques, ce partenariat stratégique s'affirme comme un pilier indispensable à la sécurité des deux pays et à celle de l'Europe méridionale.