Partager sur :

Les mineurs et le porno : situation alarmante en France

Les mineurs et le porno : situation alarmante en France

Une étude commandée par l’Arcom détaille les statistiques de fréquentations par les mineurs des sites pornographiques en France. La situation est inquiétante.

L’exposition des mineurs aux contenus pornographiques est en forte progression sur internet. Chaque mois, 2,3 millions de mineurs fréquentent des sites pornographiques, un chiffre en croissance rapide au cours des dernières années. Dès 12 ans, plus de la moitié des garçons se rend en moyenne chaque mois sur ces sites, ils sont près des deux tiers à s’y rendre entre 16 et 17 ans. En moyenne, 12% de l’audience des sites adultes est réalisée par les mineurs. Ces résultats sont issus d’une nouvelle étude produite par l’Arcom, et basée sur les données d’audience internet de Médiamétrie.

Conformément à la loi du 30 juillet 2020 visant à protéger des violences conjugales, l’Arcom est chargée de faire respecter l’interdiction de l’accès des mineurs aux sites pornographiques. L’Arcom a ainsi mis en demeure dix sites pornographiques de mettre en œuvre des mesures concrètes afin d’empêcher l’accès des mineurs à leurs contenus. L’Autorité répond également à une mission de prévention, notamment dans le cadre du Protocole d’engagements pour la prévention de l’exposition des mineurs aux contenus pornographiques en ligne.

Les garçons plus concernés

Cette vaste étude confirme que les mineurs regardent de plus en plus de vidéos pornographiques en France. Ce sont les garçons qui consomment le plus de contenus, et ce, de plus en plus tôt dans l’adolescence. Les sites pornos sont pointés du doigt en raison de leur collaboration nonchalante avec les gouvernements pour l’application de la vérification de l’âge de leurs visiteurs.

Cinquante minutes. C’est le temps passé mensuellement par près d’un tiers des jeunes de moins de 18 ans sur des sites pornographiques en France. Ce sont du moins les conclusions tirées par l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) d’après une étude réalisée en 2022 et commandée à l’organisme Médiamétrie. Ils ne sont pas moins de 2,3 millions à consommer régulièrement ce type de contenu, avec un accès majoritaire par le biais du smartphone, hors du contrôle des parents.

Les mineurs consomment de plus en plus de porno

Cette nouvelle étude s’inscrit dans la réflexion du projet de loi visant à mieux réguler l’accès à ces contenus en ligne. L’Arcom souhaite instaurer un protocole de vérification d’identité plus fort qu’un simple bouton sur lequel l’internaute clique pour attester de sa majorité. Parmi les pistes étudiées figure l’attestation de majorité, délivrée par un organisme tiers. L’idée étant d’éviter à l’internaute de divulguer sa pièce d’identité à l’un de ces sites.

Si le principe est louable, rappelons que les gouvernements se heurtent à de multiples obstacles. Si certains sont de nature juridique avec des batailles judiciaires entre états et plateformes en ligne, d’autres concernent les internautes qui s’intéressent à l’alternative du VPN.

Quoi qu’il en soit, la consultation de contenu pour adulte par des mineurs tend à s’amplifier d’années en années.

Parallèlement, la courbe d’âge des principaux concernés s’affaisse : la tranche d’âge des garçons de 12-13 ans représente 51 % du panel quand celle des 10-11 ans équivaut à 21 %. Sur les 25 000 panélistes, l’étude indique que la fréquentation des jeunes filles est largement inférieure en proportion à celle des garçons. On note 31 % d’adolescentes de 12-13 ans dans ce panel, un score qui diminue graduellement jusqu’à l’âge de majorité, croisant celui des garçons qui augmente pour sa part.

Les plateformes de contenus pornographiques sommées d’agir

Ce ne sont pas moins de 179 sites qui ont été passés au crible pour cette étude. Pornhub se démarque du lot, avec une audience composée à 17 % de mineurs, contre 12 % en moyenne pour les autres plateformes concurrentes. Fréquemment au cœur de la chronique, le site, détenu par le géant du porno Mindgeek, fait l’objet d’une mise en demeure par l’Arcom.

Au total, ce sont quinze plateformes de contenus pornographiques qui sont sommées d’intégrer un système de contrôle d’âge viable. Le tribunal judiciaire de Paris est d’ailleurs attendu le 7 juillet pour sa décision quant à la demande de blocage de sept sites, dont Pornhub.

Le projet de loi portant sur la sécurisation et la régulation de l’espace numérique comporte des mesures qui devraient permettre de renforcer les actions menées par l’Arcom. L’organisme se verrait gratifié de la possibilité de bloquer les sites qui ne respecteraient pas le protocole de vérification de l’âge de leurs visiteurs, et ce, sans recourir à l’intervention d’un juge.

Partager sur :