Après la fin de l'interdiction de conduire pour les femmes, c'est au tour du cinéma. L'Arabie saoudite a annoncé, lundi, son intention d'autoriser l'ouverture de salles obscures après 35 ans de prohibition. Le retour du 7ème art en Arabie saoudite s'inscrit dans la politique d'ouverture du royaume ultra-conservateur, initiée par le prince héritier Mohammed ben Salmane.
Les salles de cinéma était jusque là interdites par les autorités qui les décrivaient comme une source de « dépravation ». Les milieux religieux conservateurs sont opposés à cette évolution, car le cinéma est un lieu mixte où l'obscurité rapproche les corps.
« C'est une nouvelle ère, une nouvelle époque, c'est aussi simple que ça » se réjouit Rahaf, une jeune femme qui vit dans la capitale saoudienne. « Les choses changent, le progrès est là, notre pays s'ouvre et se met à la page de ce qu'il se passe dans le monde. »
« Les Saoudiens vont pouvoir venir dans ce beau cinéma pour regarder des films comme il convient de les regarder : sur un grand écran », se félicite Adam Aron qui travaille chez le géant américain AMC Entertainment, qui a obtenu la première licence pour exploiter les salles. « Vous savez nous avons plus de 1 000 cinémas dans 15 pays et celui-ci est peut-être le plus beau du monde. Ce n'est que le début. »
Pour cette inauguration historique, les Saoudiens ont fait les choses en grand. Au coeur de Riyad, une poignée d'invités triés sur le volet vont tester la première salle de cinéma du royaume. Elles étaient interdites depuis 35 ans dans ce pays ultra-conservateur. Un block-buster américain au programme, le tout servi avec du pop-corn. De quoi ravir les spectateurs. "C'est un événement historique et je suis ravie de participer à cette ouverture. Je pense que toute notre génération est très heureuse de vivre ce moment", se réjouit une Saoudienne.
AMC, le plus gros exploitant américain, se frotte les mains et prévoit d'ouvrir plus de 40 multiplex dans les cinq prochaines années. Plus de culture, le droit pour les femmes de conduire ou encore d'accéder aux stades et salles de spectacles : depuis qu'il est aux affaires, le prince héritier Mohammed Ben Salmane poursuit les gestes de bonne volonté. Mais dans les cinémas, c'est une lente libération, comme l'explique Clarence Rodriguez, spécialiste de l'Arabie saoudite : "On en est aux balbutiements de l'ouverture de ce pays". Une révolution oui, mais encadrée.
Les Saoudiens dépensent chaque année des millions d'euros pour aller voir des films dans les centres commerciaux voisins de Dubaï ou Bahreïn. Avec une population de 30 millions d'habitants, dont la majorité a moins de 25 ans, le royaume veut mettre la main sur ce pactole. L'Arabie saoudite prévoit la création de 300 cinémas d'ici 2030.