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Ramadan 2025 : La France accueille des imams étrangers malgré les tensions diplomatiques avec l'Algérie

Algérie-Imams

Maglor - Chaque année, à l’approche du mois de Ramadan, la France autorise l’entrée de plusieurs centaines d’imams étrangers afin d’accompagner les fidèles dans les prières et la récitation du Coran. Ces religieux proviennent principalement du Maroc, d’Algérie et d’Égypte. Cependant, dans un contexte de relations diplomatiques tendues entre Paris et Alger, la présence des imams algériens en France pour le Ramadan 2025 a soulevé des interrogations.

Un encadrement strict des imams du Ramadan

Selon le ministère de l’Intérieur, environ 300 psalmodieurs étrangers se rendent chaque année en France pour officier durant le mois sacré. En 2025, près de 200 proviennent du Maroc et une trentaine d’autres d’Algérie, d’Égypte et d’autres pays, en réponse à des demandes spécifiques formulées par des mosquées locales. Toutefois, contrairement aux années précédentes, l’Algérie n’a pas officiellement demandé l’envoi d’imams pour cette période, une situation révélatrice des tensions diplomatiques persistantes entre les deux pays.

Depuis le 1ᵉʳ janvier 2024, la France a mis fin à l’accueil des « imams détachés », qui étaient envoyés et rémunérés par des États étrangers. Cette décision s’inscrit dans le cadre de la lutte contre le séparatisme islamiste et vise à favoriser la formation d’imams sur le territoire français. Toutefois, cette interdiction ne s’applique pas aux imams du Ramadan, dont la venue est toujours autorisée sous certaines conditions strictes.

L’Algérie absente des demandes officielles

Alors que le Maroc a transmis une liste d’imams aux autorités françaises pour le Ramadan 2025, permettant la venue d’environ 200 religieux, l’Algérie n’a quant à elle soumis aucune demande officielle. Le ministère français de l’Intérieur a confirmé que « cette année et à ce jour, aucune demande n’a été faite par l’Algérie ».

Cette déclaration a été corroborée par Abdallah Zekri, recteur de la mosquée de la Paix à Nîmes et vice-président du Conseil français du culte musulman (CFCM). Il a précisé que « les autorités algériennes n'ont pas déposé de demande de visa auprès du consulat général de France ».

Un contexte diplomatique tendu

L’absence de démarche de la part d’Alger s’inscrit dans un climat de tensions accrues entre les deux pays, marqué par des différends sur les accords migratoires et des incidents récents. La France a notamment menacé de revoir le pacte migratoire avec l’Algérie après un contentieux sur des expulsions de ressortissants algériens. Par ailleurs, l’affaire de l’écrivain Boualem Sansal, détenu en Algérie, a suscité des inquiétudes à Paris, aggravant les tensions diplomatiques.

Malgré ces tensions, la France a accordé des visas à plusieurs dizaines d’imams algériens, répondant aux besoins exprimés par certaines mosquées. Cette décision, bien que limitée, témoigne de la volonté de l’État français de préserver la liberté de culte des musulmans tout en maintenant un contrôle strict sur l’encadrement des religieux étrangers.

Une politique sous surveillance

Les autorités françaises ont souligné que la sélection des imams du Ramadan repose sur des critères rigoureux afin de garantir le respect des principes républicains. La venue de ces religieux est encadrée et leur mission temporaire vise à répondre aux attentes des fidèles pendant le mois sacré. Cependant, cette approche pourrait évoluer à l’avenir, notamment dans le cadre du renforcement de la formation des imams en France et de la volonté d’assurer une autonomie religieuse plus marquée.

Alors que le Ramadan 2025 approche, la situation des imams étrangers en France illustre à la fois la complexité des relations diplomatiques avec les pays d’origine et les défis de l’encadrement du culte musulman dans l’Hexagone.

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