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Référendums en Italie : quand la société civile bouscule les lignes sur la nationalité et le travail

Giorgia - Meloni

Maglor - Les 8 et 9 juin 2025, les Italiens ont été appelés aux urnes dans le cadre de cinq référendums abrogatifs organisés à l’initiative de syndicats, d’ONG et de partis d’opposition. En jeu : des réformes ambitieuses touchant à la fois le droit du travail et les conditions d'accès à la nationalité italienne. Une mobilisation démocratique inédite, qui a mis en lumière les contradictions du gouvernement de Giorgia Meloni.

Une réforme citoyenne pour une Italie plus inclusive

L’un des référendums les plus emblématiques portait sur l’abaissement de dix à cinq ans du délai de résidence continue requis pour demander la nationalité italienne. Objectif affiché : adapter le droit à la réalité d’une société italienne vieillissante, confrontée à une pénurie de main-d’œuvre et à des vagues d’immigration stables. Environ 2,5 millions d’étrangers non européens vivant en Italie auraient pu être concernés par cette mesure.

Rééquilibrer le droit du travail

Les quatre autres questions portaient sur le monde du travail, avec notamment une volonté de revenir sur plusieurs dispositions du « Jobs Act » de 2016. Les organisateurs proposaient de :

  • faciliter la réintégration après un licenciement abusif,
  • encadrer les contrats courts,
  • mieux indemniser les travailleurs injustement licenciés,
  • renforcer les obligations de sécurité au travail.

Un scrutin peu suivi, mais riche d’enseignements

Malgré une forte mobilisation de la société civile en amont, la participation nationale n’a pas dépassé les 30 %. Loin du quorum de 50 %+1 nécessaire à la validation des référendums en Italie. Si les votes exprimés ont massivement soutenu les réformes, notamment à plus de 85 % sur les questions sociales, leur portée reste donc uniquement politique et symbolique.

Une Italie face à ses paradoxes

Le gouvernement de Giorgia Meloni, tout en affichant une ligne dure contre l’immigration irrégulière, a signé un record de naturalisations (213 500) et de titres de séjour délivrés (450 000) en 2024. Cette politique de « besoin sans accueil » met en lumière un paradoxe : l’Italie a besoin de nouveaux arrivants, mais hésite à leur reconnaître pleinement des droits.

Les appels à l’abstention lancés par la majorité ont contribué à l’échec du scrutin, mais la dynamique lancée par ce mouvement citoyen pourrait bien ressurgir lors des prochaines élections, ou peser sur les décisions parlementaires à venir.

🇪🇺 Une leçon pour l’Europe ?

Dans un éditorial remarqué, Le Point souligne que l’Italie a « doublé la France » sur les questions de réformes démocratiques et de débat public autour de l’intégration. Alors que la France reste marquée par un débat crispé sur la nationalité, l’Italie a montré que des mobilisations pacifiques, portées par des citoyens et des ONG, pouvaient mettre ces sujets au cœur de l’agenda politique.

En conclusion

Ce double référendum, bien qu’invalide juridiquement, révèle la vitalité démocratique de l’Italie et la montée d’une conscience collective autour des droits sociaux et de l’intégration. À l’heure où les sociétés européennes se cherchent des modèles d’équilibre entre fermeté et ouverture, l’Italie offre un laboratoire politique à suivre de près.

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