
Maglor - Assamaka, Niger – Juin 2025 – Le chiffre fait froid dans le dos : plus de 16 000 migrants africains en situation irrégulière ont été expulsés d’Algérie vers le Niger depuis le mois d’avril, selon les autorités nigériennes. Une vague d’expulsions massives qui alarme les ONG et organisations humanitaires, tant par son ampleur que par les conditions inhumaines dans lesquelles ces hommes, femmes et enfants sont renvoyés au désert.
Des convois quotidiens aux portes du Sahara
Le 1er juin à lui seul, 1 466 personnes ont été déposées à Assamaka, poste-frontière nigérien, à la limite du Sahara. Parmi elles, 688 ressortissants de plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, mais aussi 239 Nigériens. Le lendemain, un autre convoi a ramené 778 Nigériens, dont 222 mineurs, entassés à bord de treize camions et d’une fourgonnette.
Ces chiffres, relayés par InfoMigrants et d'autres médias spécialisés, témoignent d’une intensification préoccupante des expulsions, souvent menées sans coordination suffisante avec les autorités du pays de transit, en l'occurrence le Niger.
Une situation qualifiée de « déshumanisante » par les ONG
L'ONG Alarme Phone Sahara, très présente sur le terrain, tire la sonnette d’alarme. Elle dénonce une « violation flagrante des droits humains ». Selon ses membres, les migrants sont abandonnés dans le désert, parfois à plus de 15 kilomètres de la frontière, sans eau, sans nourriture ni protection, par des températures pouvant atteindre 47 °C.
« Ces expulsions relèvent de la non-assistance à personnes en danger. Le désert n’est pas un sas, c’est un piège mortel », affirme l’ONG, appelant à un moratoire immédiat sur les expulsions arbitraires.
Le Niger en première ligne, l’OIM sous pression
Déjà fragile, le Niger se retrouve une fois de plus à absorber les conséquences de la politique migratoire de son voisin du nord. Le centre de transit de l’OIM à Assamaka est saturé, incapable de prendre en charge correctement les vagues successives de migrants refoulés.
Face à l’urgence, les autorités nigériennes ont déclaré vouloir accélérer les programmes de rapatriement volontaire, en partenariat avec l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Objectif affiché : rapatrier 4 000 personnes d’ici juillet.
Mais sur le terrain, les obstacles sont nombreux. Les lenteurs administratives des pays d’origine freinent le processus. Beaucoup de migrants, dont certains sans papiers, restent bloqués au Niger sans solution immédiate, ni possibilité de retour digne.
Une politique migratoire à repenser
Alors que l’Algérie affirme vouloir intégrer les étrangers résidant sur son sol, la multiplication des rafles, arrestations arbitraires et expulsions en masse raconte une toute autre réalité. Pour les ONG, c’est un double discours : tolérance affichée mais exclusion organisée.
Cette crise met en lumière la nécessité d’une approche migratoire plus humaine, coordonnée et respectueuse du droit international, impliquant l’ensemble des pays concernés – ceux d’accueil, de transit et d’origine.