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Le Maroc en débat : le projet d'autonomie saharienne, entre héritage historique et promesses d'avenir



Hicham TOUATI - Dans la cité millénaire de Fès, une assemblée citoyenne s'est rassemblée autour d'un enjeu aussi historique qu'actuel : l'avenir des provinces du Sud. Entre analyses juridiques, perspectives économiques et récits mobilisateurs, cette rencontre a transcendé le cadre académique pour incarner l'âme d'une nation unie.

Ils étaient plus de mille cinq cents, ce dimanche 16 novembre 2025, à affluer vers la salle de la commune de Fès. Des visages de toutes générations, des regards attentifs, une attente palpable. Dans ce lieu, la société civile marocaine a offert une leçon de démocratie participative et d'attachement aux causes nationales.

L'affluence, remarquable pour une rencontre de cette nature, témoignait de l'importance du moment. Des écoliers aux côtés d'universitaires, des artisans aux côtés de parlementaires, tous unis par une même quête : comprendre les enjeux et les promesses portés par le projet d'autonomie des provinces du Sud, suite au récent vote du Conseil de sécurité.
 

Sous la conduite éclairée du modérateur, le Dr Radouane El Ghafouli, la parole est d'abord revenue à l'histoire. Le Pr Mohamed Meziane, historien émérite, a retracé avec une précision d'horloger le long cheminement de la question saharienne. « Du Maroc divisé en zones d'influence au Maroc réunifié, de la Marche verte à la reconnaissance internationale, chaque étape fut un combat, chaque victoire, le fruit d'une persévérance collective », a-t-il rappelé, saluant la clairvoyance d'une diplomatie qui a su transformer l'épreuve en opportunité.
 

Puis vint le temps de la rigueur juridique et de la fermeté politique. Ali Lakasab, chercheur en sciences politiques, a campé le décor d'une réalité désormais incontestable : « La souveraineté marocaine sur le Sahara n'est pas négociable. C'est le prisme à travers lequel le Royaume envisage son avenir et construit ses partenariats. » Face à un public suspendu à ses lèvres, il a opposé deux univers : celui, tangible, du développement et des droits, et celui, chimérique, de la division et de la nostalgie.
 

Enfin, le Pr Abdelrazak El Hiri a projeté l'assemblée vers l'avenir. Évoquant le port atlantique de Dakhla, dont l'achèvement est prévu pour 2028, ou l'Initiative royale pour l'accès des pays sahéliens à la mer, il a dessiné les contours d'un Sahara prospère, intégré et ouvert. « Le Sahara de demain sera un hub économique, un carrefour des civilisations, un laboratoire de co-développement », a-t-il affirmé, sous les applaudissements nourris d'une audience conquise.
 

La salle, tour à tour silencieuse et vibrante, a incarné l'âme d'un peuple conscient de son destin. Dans un échange improvisé, une femme, Samira, résumait l'émotion générale : « Aujourd'hui, je repars avec de l'espoir. Comprendre, c'est déjà participer. » Un jeune homme, Nabil, renchérissait : « On nous dit souvent que la jeunesse se détourne des causes nationales. Cette soirée est un démenti cinglant. »
 

Entre les interventions, des interludes artistiques (chants patriotiques, le serment de la Marche Verte) ont rappelé que la cause saharienne n'est pas seulement une question de droit ou de politique, mais aussi une affaire de cœur et d'identité.

Ce soir-là, à Fès, loin des arènes diplomatiques et des débats médiatiques, c'est le Maroc profond qui s'est exprimé. Un Maroc uni, exigeant, tourné vers l'avenir, mais jamais déconnecté de son histoire. La cause du Sahara, désormais portée par le projet d'autonomie, n'est plus seulement un héritage : elle est une promesse.

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