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Algeria 2096, la mémoire de l'autre

Constantine. crédit : Yacine Helali

Un documentaire original sur les réalités de la société algérienne et de ses diasporas

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(Note du réalisateur) - Algeria 2096, la mémoire de l’autre est un film très personnel, dans lequel j’essaie d’articuler des mots et de déclencher des conversations rares et inédites. Ce film est pour moi une “en-quête” d'identités à plusieurs voix sur ce qu’est être Algérien ou Algérienne aujourd'hui. Je mets ma ville, Marseille, à l'honneur : elle s’érige en point de départ du film, où se croisent les premiers regards et questionnements sur l'Algérie. J’interroge le parcours de ma famille, de l’Algérie à mon quartier phocéen de Noailles, un quartier pauvre où près de 50% de la population vit sous le seuil de pauvreté, connu pourtant comme l’hypercentre de la ville.

J’ai construit ce film dans un but très personnel de réconciliation, afin de me réconcilier avec mes racines et ma famille, de découvrir ma vérité historique, aussi embarrassante soit-elle. Exprimé simplement, j’ai plus globalement cherché à comprendre pourquoi les Algériens sont ce qu’ils sont, qu’ils vivent en Algérie, en France ou ailleurs. 

Car l’identité algérienne d’aujourd’hui, tissée d’une histoire millénaire ancrée sur ses territoires africains, est tout autant nourrie de la résistance séculaire à la violence coloniale que de l’inscription de ses enfants de la « diaspora » au sein de la « métropole », cœur même de l’oppression coloniale.

Pour tenter d’en rendre compte, je m’assoie d’abord avec mes amis d’enfance et mes héros, pour certains d’entre eux des artistes et des musiciens connus et respectés tels que Dj Djel et Fellagha de la Fonky Family, Imhotep, architecte musical du groupe IAM, Malek Freeman, membre fondateur du groupe IAM, le rappeur K-Rhyme le Roi ainsi que Bouga, l’auteur de la chanson mythique Belsunce Breakdown. Avec chacun d’eux, tous enfants de l’histoire algérienne, j’explore notre place particulière à Marseille à la suite de la guerre d’indépendance. Et je puise dans le berceau culturel de Marseille pour comprendre la réalité de la diaspora algérienne : pourquoi ne nous voyons-nous pas comme les enfants de cette histoire-là, mais uniquement comme les enfants de notre ville bien-aimée, Marseille ? Pourquoi le vécu des Algériens de France a-t-il historiquement résonné si difficilement avec celui de leurs familles du « bled » ?

(... ) Et depuis février 2019, dans les rues d’Alger et de Constantine, j’ai participé activement au hirak, la « révolution du sourire », avec des millions d’autres manifestants. Ce qui m’a permis d’aborder dans ce film les gens dans la rue pour échanger sur la réalité de la vie en Algérie, au-delà des clichés. Ce moment historique a été un vrai tournant, pour le plus grand bien du film que je réalisais, car les gens étaient plus enclins à s’exprimer devant la caméra.

Dans l’ensemble, le film est un travail de mémoire présenté dans le style d’un « kaléidoscope cinématographique », basé sur des interviews éclectiques, des séquences poétiques et une voix off retraçant mon monologue intérieur. À travers des plans singuliers et stylisés de « mon Marseille » et de l’Algérie en parallèle, je veux évoquer mon enfance, les anecdotes, les rêves et les aspirations, les succès et les moments plus tristes. Les défis également auxquels les gens de ma condition font encore face ainsi que les luttes menées, de part et d’autre de la Méditerranée. Le fil narratif du film se veut fluide comme la mer, allant et revenant entre Marseille et l’Algérie, portant une variété d’artefacts, mêlant archives familiales, photographies intimes, poésies et musiques locales, urbaines et traditionnelles. J’ai souhaité donner une voix aux histoires des miens en combinant les photographies et les souvenirs de notre trajectoire de l’Algérie à Marseille. En montrant aussi comment, du chaos, est né un art singulier et original. 

(... ) Pourquoi Algeria 2096 ? Parce que le film se veut une projection vers le futur de l'Algérie, un futur qui semble lointain a priori, à une époque où les gens de ma génération ne seront très probablement plus vivants. C'est une capsule envoyée du passé, notre présent à nous, pour les générations futures, les enfants d'aujourd'hui.

 

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