
L'Institut national de l'audiovisuel (INA) va publier le 1er mars sur sa plateforme 180 heures d'entretiens réalisés avec 66 témoins de la guerre d'Algérie, civils et combattants des deux camps, un matériau qui va donner lieu à une série documentaire co-produite avec Arte.
(AFP) - Pour la première fois, 66 témoins du conflit, "civils algériens, Français d'Algérie, engagés et militaires de carrière français, militants indépendantistes du FLN et du MNA, membres de l'OAS, intellectuels et étudiants" ont relaté face caméra "leur guerre d'Algérie", souligne l'INA dans un communiqué dimanche.
"Ces témoins des guerres d'Algérie n'avaient jamais été entendus dans ce type de démarche aussi longue, interviewés par des historiens sur des entretiens" d'environ deux heures, précise à l'AFP Agnès Chauveau, directrice générale déléguée de l'INA.
Ces témoignages, recueillis par l'historienne Raphaëlle Branche, spécialiste du conflit, et le réalisateur Rafael Lewandowski, constituent aussi le fil rouge d'une série documentaire intitulée "En guerre(s) pour l'Algérie".
Six épisodes de 52 minutes seront diffusés en première partie de soirée les 1er et 2 mars sur la chaîne franco-allemande puis mis en ligne sur la plateforme éducative publique Lumni dès le 10 mars.
A l'occasion du 60e anniversaire de la fin de la guerre d'Algérie, l'important pour l'INA est "de pouvoir toucher une diversité de publics et de générations", explique Agnès Chauveau, d'où une déclinaison sous différentes formes et médias de "cette matière première".
Au programme: une série radio de Rafael Lewandowski sur France Culture du 28 février au 3 mars dans l'émission "LSD, la série documentaire", un livre "En guerre(s) pour l"Algérie", écrit par Raphaëlle Branche, publié le 28 février, ainsi qu'un coffret de trois DVD à partir de mi-mars.
Une série de podcasts racontera aussi le conflit au travers des récits de trois Algériennes et trois Françaises, pour certaines engagées dans le conflit.
"On a essayé d'être le plus représentatif possible" dans le choix des témoins, poursuit la productrice Anne Gènevaux. "C'est toujours très compliqué d'avoir tout le monde mais, en tout cas, on a quelque chose d'assez inédit en termes de diversité des voix", promet-elle.
Pour Agnès Chauveau, "ce que montre aussi la diversité de ces entretiens, c'est que ce n'(était) pas une guerre bilatérale" mais "des guerres où chacun s'est battu pour une vision de l'Algérie".
Ils sont civils algériens ou Français d'Algérie, militants indépendantistes ou membres de l'OAS, appelés du contingent ou militaires de carrière, porteurs de valise ou combattants. Tous étaient restés silencieux ou discrets.
Pour la première fois, ils ont accepté de raconter leur guerre d'Algérie, ces huit années d'un des conflits les plus traumatisants du XXe siècle. Ils s'appellent Brahim, conducteur de l'autocar Biska-Adès attaqué le 1er novembre 1954 par des insurgés, point de départ symbolique de la dernière guerre coloniale française ; Abdelkader Bakhouche, un ancien officier du FLN, qui raconte ses 283 attentats ; l'ancien capitaine parachutiste Roger Saboureau évoque les "ratissages" à la recherche des rebelles ; Stive décrit les viols de femmes perpétrés par sa compagnie et l'exécution des hommes etc.
Six épisodes
Au total, 66 témoins et acteurs des deux camps se sont confiés à l'historienne Raphaëlle Branche et le réalisateur Rafael Lewandowski pour nourrir une série documentaire produite par l'Institut national de l'audiovisuel (Ina) pour Arte. Enrichie d'images d'archives parfois inédites, En guerre(s) pour l'Algérie sera diffusée par la chaîne franco-allemande sous la forme de six épisodes chronologiques de 52 minutes les 1er et 2 mars, à l'occasion du 60e anniversaire de la fin du conflit.
Elle sera aussi disponible sur la plateforme éducative Lumni Enseignement. Les 180 heures d'entretien seront également mises en ligne en intégralité sur le site de l'Ina.