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Intrépide mais déterminé, le Maroc se lance dans une campagne massive de vaccination contre le Covid-19

Une campagne de vaccination d’une « envergure inédite » a été avalisée par le roi. Pour l’heure, le nom du vaccin qui sera utilisé n’a pas été communiqué officiellement, mais c'est un secret de polichinelle qui pourrait s'écrire en chinois. C'est une décision osée dans la mesure où, pour l'instant, aucun vaccin dans le monde n'est passé par les phases requises de validation et de sécurité sanitaire.

Le roi du Maroc Mohammed VI a avalisé lundi le lancement dans le royaume d'une « opération massive de vaccination » contre le nouveau coronavirus dans les prochaines semaines, a annoncé un communiqué officiel sans préciser quel vaccin serait utilisé, et sans donner de date précise. La décision a été prise après l'avis du Comité scientifique national pour qui « la campagne vaccinale est une réponse réelle pour mettre fin à la phase aiguë de la pandémie », précise le communiqué.

La pandémie ne faiblit pas dans le royaume, qui a enregistré ces derniers jours plus de 5000 nouveaux cas quotidiens. Le Maroc a recensé au total 259 951 contaminations depuis le premier cas début mars, dont 4356 décès, selon les chiffres officiels.

« Envergure inédite »

Les experts préconisent un reconfinement total, les milieux économiques s'y opposent et le gouvernement hésite depuis plusieurs jours alors que la crise économique asphyxie les plus vulnérables.

D'une « envergure inédite », la campagne de vaccination visera en priorité « les personnels de première ligne » (secteur de la santé, autorités publiques, forces de sécurité, éducation nationale) et les « personnes âgées ou vulnérables au virus », avant d'être élargie à tous les adultes, selon le communiqué.

En agissant ainsi, le Roi se montre intrépide en planifiant une vaccination avec un médicament qui n'a pas encore fait ses preuves. Il y a fort à parier que le vaccin choisi vienne de Chine.  Le pays participe en effet, actuellement, aux tests cliniques du vaccin chinois du laboratoire Sinopharm, avec un accord lui octroyant 10 millions de doses avant la fin de l'année en cas de résultats probants.

Les laboratoires Pfizer (Etats-Unis) et BioNTech (Allemagne) ont soulevé une vague d'espoir mondial en annonçant lundi que leur candidat vaccin était efficace « à 90 % » selon l'essai à grande échelle de phase 3 en cours, dernière étape avant une demande d'homologation.

Que vaut le vaccin chinois ?

La presse marocaine se montre prolixe sur les qualités du vaccin de Sinopharm qui aurait eu (c'est un conditionnel) des résultats probants sans pour autant avoir été validé par les autorités médicales et scientifiques. Que la presse marocaine tente de se convaincre elle-même, et à travers elle, l'ensemble des Marocains est dans la logique de l'auto-persuassion. Attention toutefois de ne pas transformer le Maroc et les Marocains en cobayes pour des tests au profit de l'industrie pharmaceutique chinoise.

Contrairement au Maroc, le Pérou communique, en toute transparence, sur le début imminent des essais cliniques dans le pays du vaccin chinois anti Covid-19 de Sinopharm. 

Un premier lot de 12.000 vaccins, fabriqués par l’antenne pharmaceutique de Sinopharm contre le nouveau coronavirus, est arrivé récemment à Lima. Une délégation d’experts chinois est arrivée en même temps que ces vaccins devant être « testés dans les prochains jours sur 6000 Péruviens ». Ces chiffres ainsi d’autres informations sont donnés, en toute transparence, dans un reportage de CGTN, la télévision officielle chinoise en version francophone. La ministre péruvienne de la Santé, l’ambassadeur de Chine à Lima et même du vice-président de Sinopharm donnent, chacun en ce qui le concerne, des détails sur cette opération jugée délicate et hasardeuse.

On apprend ainsi que Sinopharm est le premier des six laboratoires qui vont tester un vaccin anti Covid-19 au Pérou. On apprend aussi, que l’opération avec les Chinois va être pilotée par les universités péruviennes de San Marcos et Cayetano Heredia, qui ont une longue tradition dans la recherche médicale. 

Concernant la durée des essais, l’ambassadeur de Chine au Pérou a déclaré qu’elle serait de plus d’une année. « Un vaccin pourrait être mis au point dès la fin de cette année », a-t-il néanmoins ajouté.

Le vice-président de Sinopharm s’est lui aussi exprimé pour rassurer le grand public sur la « sécurité du vaccin mis à l’essai ».« Nous avons obtenu des résultats très prometteurs au terme de la première et la deuxième étapes des essais qui ont montré qu’il n’y avait aucun problème quant à la sécurité. Tous les patients testés ont développé des anticorps et sont passés de positifs à négatifs », a affirmé Zeng Bing.

Lire le document sur la stratégie nationale de vaccination Covid-19

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