
A défaut de trouver le régime politique idéal, que ce soit en Algérie, aux Etats-Unis, en Italie, au Vénézuela, au Brésil ou ailleurs, on peut se consoler par la découverte de chercheurs sur le régime alimentaire idéal. Voilà de quoi nous rassurer au quotidien.
(Reuters) - Trente-sept chercheurs de seize pays disent avoir mis au point le “régime alimentaire idéal”, qui consiste notamment à doubler la consommation de noix, de fruits, de légumes et de légumineuses, et à réduire de moitié celles de viande et de sucre.
Si tout le monde suivait ce régime baptisé “Planetary Health” (Santé planétaire), plus de 11 millions de décès prématurés pourraient être évités chaque année, les émissions de gaz à effet de serre seraient réduites et la biodiversité mieux protégée, affirment-ils.
“La nourriture que nous mangeons et la manière dont nous la produisons sont déterminantes pour la santé des personnes et de la planète, or nous commettons actuellement de graves erreurs”, déplore le professeur Tim Lang, de l’Université de Londres, qui a dirigé ces recherches.
Nourrir une population qui devrait atteindre dix milliards de personnes d’ici 2050 de façon saine et durable sera, selon lui, impossible sans une modification radicale des habitudes, une amélioration de la production et une réduction du gaspillage.
“Nous avons besoin d’une remise en question majeure, de modifier le système alimentaire mondial de façon inédite”, souligne-t-il.
De nombreuses maladies chroniques telles que l’obésité, le diabète ou plusieurs types de cancer sont liés à une mauvaise alimentation et la mortalité qui en découle est supérieure au bilan cumulé de la consommation d’alcool, de drogues, de tabac et des rapports sexuels non protégés, soulignent les chercheurs, qui ont travaillé trois ans sur le sujet à la demande de la revue The Lancet.
Les Nord-Américains consomment, selon eux, près de six fois et demie la quantité de viande rouge recommandée, alors qu’on n’en mange que la moitié en Asie du Sud. En Afrique subsaharienne, on ingurgite en moyenne 7,5 fois la quantité recommandée de féculents tels que les pommes de terre et le manioc.
“Plus de 800 millions de personnes manquent de nourriture et beaucoup d’autres ont une alimentation malsaine qui contribue aux décès prématurés et aux maladies”, a rappelé mercredi le professeur Walter Willett, de l’université américaine de Harvard, lors de la présentation des résultats de l’étude.
Toutes les recommandations sont difficiles à mettre en oeuvre, a-t-il ajouté, mais “le mieux est d’essayer de nous en rapprocher le plus possible”.
Alors comment nourrir sainement 10 milliards d’humains d’ici 2050 tout en préservant la planète ? Ces 37 experts de 16 pays qui ont travaillé à ce rapport pendant trois années donnent des pistes concrètes.
Diviser par deux la viande rouge et le sucre
Tout d'abord, il faut diviser par deux la consommation mondiale de viande rouge et de sucre et en doublant celle des fruits, des légumes et des noix, plaident ces spécialistes, qui veulent une "transformation radicale" de nos habitudes alimentaires.
Pour protéger sa santé et l’environnement, il faudrait selon eux consommer chaque jour en moyenne 300 grammes de légumes, 200 grammes de fruits, 200 grammes de graines entières (riz, blé, maïs, etc.), 250 grammes de lait entier (ou équivalent), mais seulement... 14 grammes de viande rouge, soit dix fois moins qu’un steak de taille classique.
A défaut de viande rouge, les protéines pourraient provenir de la consommation de volaille (29 g), de poisson (28 g), d’oeufs (13 g) voire de noix en tout genre (50 g), préconisent les auteurs du rapport.
Selon eux, un tel régime permettrait d’éviter environ "11 millions de décès prématurés par an" dans le monde, soit un cinquième du nombre total de morts, alors que la population mondiale atteindra 10 milliards d’individus d’ici 2050.
Il serait également bon pour la planète, puisque "la production alimentaire mondiale menace la stabilité de notre système climatique et (nos) écosystèmes".