
Débordé par la violence de la deuxième vague de coronavirus, les pays européens s'attendent à un mois de novembre très difficile et multiplient les décisions contraignantes.
(AFP) - S'ils étaient unanimes sur l'arrivée d'une deuxième vague à l'automne, les pays d'Europe se sont néanmoins laissés surprendre par la virulence de celle-ci. «Comme tous nos voisins, nous sommes submergés par l'accélération soudaine de l'épidémie par un virus qui semble gagner en force à mesure que l'hiver approche, que les températures baissent», a lancé le président français Emmanuel Macron mercredi soir, avant d'annoncer un reconfinement d'une durée d'un mois, au minimum.
Si la mesure est radicale, «il n'y a pas d'autre solution», a affirmé jeudi son Premier ministre Jean Castex. Ce dernier prévoit un pic d'hospitalisation en novembre «plus élevé qu'en avril». Les autorités françaises redoutent notamment la saturation des services de réanimation, où plus de la moitié des 5.800 lits disponibles sont déjà occupés.
La France devient ainsi un des rares pays ou régions en Europe - avec l'Irlande et le Pays de Galles - à choisir de confiner l'ensemble de sa population, l'arme la plus puissante contre le virus. Bien que ce confinement s'annonce plus souple qu'au printemps, les Français se préparaient, jeudi, à cette perspective. Certains se précipitaient chez le coiffeur tandis que d'autres procédaient à l'achat de cartouches d'encre ou de papier toilette.
Romain Aubugeau, 29 ans, a quant à lui décidé de quitter la capitale. «Je ne peux pas vivre un deuxième confinement dans un studio, ce n'est pas possible. Ça se fait une fois, pas deux», lâche-t-il. Des milliers de Parisiens étaient sur le départ : peu après 16 heures, le cumul des bouchons dans la région parisienne atteignait près de 700 km.
«Le pire reste à venir»
D'autres pays européens, à l'image du Luxembourg, tentent d'éviter une telle mesure. Certains d'entre eux ont donc décrété des couvre-feux, mesure souvent présentée comme un dernier recours avant un reconfinement total. En Allemagne, la chancelière Angela Merkel a annoncé mercredi des mesures drastiques dont la fermeture pour un mois des restaurants et structures de loisir.
La Belgique, pays où le coronavirus circule le plus intensément, a convoqué vendredi une nouvelle réunion de crise. «Le pire reste encore à venir», a jugé le porte-parole du gouvernement pour le coronavirus, Yves van Laethem. En Espagne, les députés espagnols ont approuvé jeudi la demande du gouvernement de prolongation pour six mois de l'état d'urgence sanitaire. Les régions bouclent leur territoire les unes après les autres.
En Angleterre de nouvelles régions vont être placées samedi au niveau d'alerte 2, interdisant aux habitants concernés de rencontrer des personnes n'appartenant pas à leur foyer à l'intérieur. Mais le gouvernement britannique résiste toujours aux appels à confiner l'Angleterre.
En Grèce, la deuxième ville du pays, Thessalonique, va voir dès vendredi ses bars et restaurants fermer. Tout en excluant un confinement général comme au printemps, le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis compte annoncer vendredi «un plan d'action d'un mois (...) pour prévenir le pire». La Suède garde, elle, globalement le cap de sa stratégie sans confinement ni mesures coercitives. Mais ses autorités sanitaires recommandent désormais aux habitants de Stockholm, ainsi que deux régions du sud du pays, de limiter les contacts et éviter les lieux clos.
Au Vatican, le pape François annule de nouveau ses audiences générales du mercredi en présence de fidèles, en raison d'une recrudescence généralisée de l'épidémie de Covid-19 en Italie.
Sommet virtuel
Et la Banque centrale européenne (BCE) a averti jeudi que la reprise économique dans la zone euro «perd de l'élan». Dans ce contexte, l'institution a clairement signifié qu'elle se préparait à muscler, d'ici la fin de l'année, ses mesures de soutien à l'économie.
Un sommet virtuel des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne, censé faire le point sur la pandémie, a débuté jeudi soir. Dans le monde, la pandémie a contaminé plus de 44,5 millions de personnes, pour plus de 1,175 million de morts depuis fin décembre, selon le dernier bilan de l'AFP, publié ce jeudi.