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A Paris, Londres, Montréal, des milliers d’Algériens manifestent contre le cinquième mandat.

A Paris, Londres, Montréal, des milliers d’Algériens manifestent contre le cinquième mandat de Bouteflika. La diaspora se mobilise pour montrer à son tour qu’elle est concernée par la vie politique et citoyenne de son pays d’origine. Dans le calme, des milliers de compatriotes manifestent pour revoir leur pays diriger pour le peuple, par le peuple. 

Des centaines de manifestants protestaient dimanche après-midi à Paris contre un cinquième mandat du président algérien Abelaziz Bouteflika. "Pouvoir assassin", "Système dégage", "Seul le mandat du peuple", pouvait-on lire parmi les slogans inscrits sur les pancartes brandies par les manifestants, réunis place de la République, dans le centre de la capitale française. 

Une photo géante du président Bouteflika, barrée d'un "non au 5e mandat", avait été accrochée au pied de la statue célébrant la République. "On a besoin d'un président valide", a déclaré à l'AFP Ahmed Ouaguemouni, 60 ans, ancien membre de l'opposition algérienne qui vit dorénavant en France. "Bouteflika, il est toujours à l'hôpital", a-t-il ajouté, tandis qu'un manifestant brandissait un cadre doré vide, symbole de l'absence du président octogénaire à la santé précaire, paralysé et quasiment muet. 

"Il y a plein de jeunes qui peuvent le remplacer. Pourquoi garder un vieux malade", se demande cet ancien élu régional du parti de l'opposant algérien Hocine Aït Ahmed. 

Abdelaziz Bouteflika, élu sans interruption depuis 1999, a annoncé qu'il briguerait un cinquième mandat en Algérie. Victime d'un AVC en 2013, il avait séjourné près de trois mois à l'hôpital militaire du Val-de-Grâce à Paris où il avait été hospitalisé une première fois fin 2005 après une hémorragie intestinale. 

"C'est le système algérien qui nous a fait venir en France", estime Abdel Djamel, un médecin de 66 ans exilé à Paris depuis 1992. "En France, 6.000 médecins algériens sont réfugiés. Le système a pris le pouvoir, alors que seul le pouvoir civil compte, pas le pouvoir militaire", déclare-t-il en tentant de couvrir les cris de "Non à un 5e mandat", poussés par la foule. 

Et d'un côté comme de l'autre de la Méditerranée, les cortèges crient la même colère avec les mêmes slogans : "Pas de cinquième mandat !", "Le peuple veut le changement !". "Le président n'a pas parlé à son peuple depuis des années, on ne le voit pas", dénonce Linda, citoyenne franco-algérienne, qui parle d'une "mascarade politique" et d'un "point de non-retour". "C'est ce qu'on appelle se foutre de la gueule du peuple. Le peuple s'est réveillé, le pouvoir panique, il a peur", prévient-elle.

Mais si la contestation autour du président Abdelaziz Bouteflika n'a jamais été aussi forte, il n'existe pas d'alternative connue à cette candidature pour un cinquième mandat, à deux mois d'une élection présidentielle plongée en quelques jours dans l'inconnue.

"On ne sait pas si c'est le début de quelque chose ou si ce sera sans suite, on ne sait pas si la mobilisation va prendre de l'ampleur", expliquait samedi à l'AFP Louisa Dris-Aït Hamadouche, professeure de sciences politiques à l'Université Alger 3. Et de s'interroger : "Les différents mouvements sociaux, dont les revendications sont économiques et sociales, prendront-ils le train de cette contestation dont le mot d'ordre, le refus du cinquième mandat, est uniquement politique ?".

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