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Accord énergétique UE–États-Unis : CARE alerte sur les risques pour l’Algérie

Maglor - Le Cercle de réflexion algérien CARE (Cercle d’Action et de Réflexion autour de l’Entreprise) a attiré l’attention sur les conséquences possibles de l’accord commercial et énergétique conclu récemment entre les États-Unis et l’Union européenne. Selon l’économiste Mouloud Heddir, cet accord, bien que bilatéral, pourrait avoir des répercussions indirectes mais significatives sur l’économie algérienne, notamment dans le secteur des hydrocarbures.

L’Algérie face à une concurrence accrue sur le marché européen

L’accord transatlantique vise à garantir une place importante aux exportations d’énergies américaines vers l’Europe, premier marché mondial. Une orientation qui risque de modifier l’équilibre concurrentiel au détriment de l’Algérie, fournisseur historique du Vieux Continent.

Les segments du gaz naturel liquéfié (GNL) et du gaz de pétrole liquéfié (GPL) apparaissent comme particulièrement vulnérables face à une offre américaine plus abondante et compétitive.

CARE souligne également une contradiction : l’Union européenne adopte ici une posture qu’elle avait refusée jusque-là dans le cadre de son accord d’association avec l’Algérie. Cette évolution pourrait contraindre Alger à renégocier ses discussions avec Bruxelles afin de préserver ses intérêts énergétiques et commerciaux.

Un cadre réglementaire à stabiliser

Pour renforcer son attractivité, l’Algérie doit, selon CARE, améliorer la prévisibilité de son environnement des affaires. Les changements fréquents dans la législation relative aux échanges extérieurs créent une incertitude mal perçue par les investisseurs européens.

La stabilité réglementaire est identifiée comme un facteur clé pour encourager des partenariats durables.

Normes européennes : un défi pour les entreprises algériennes

Au-delà de la question énergétique, les exportateurs algériens devront composer avec la montée en puissance de nouvelles normes européennes. Trois textes sont jugés structurants :

  • le CBAM (Mécanisme d’ajustement carbone aux frontières),
  • la CSDDD (directive sur la diligence raisonnable en matière de durabilité),
  • et la CSRD (directive sur le reporting extra-financier ESG).

Ces obligations, qui seront progressivement mises en œuvre d’ici 2028, nécessiteront des investissements internes conséquents pour les entreprises algériennes souhaitant rester compétitives sur le marché européen.

Un contexte géopolitique sensible

CARE met en garde contre le risque de voir l’UE concéder des avantages substantiels aux États-Unis, motivée par des considérations géopolitiques liées à la sécurité énergétique. Une telle dynamique pourrait non seulement affaiblir l’Europe sur le plan économique, mais aussi réduire les opportunités pour ses partenaires traditionnels comme l’Algérie.

Recommandations du Cercle CARE

Le cercle de réflexion recommande à Alger de :

  • surveiller de près l’application de l’accord transatlantique,
  • engager un dialogue constructif avec l’UE autour de l’investissement et de l’énergie,
  • mettre en avant l’argument d’un prix interne compétitif pour renforcer son attractivité.

Pour CARE, l’enjeu central est d’éviter un affaiblissement de la position algérienne sur un marché stratégique et de consolider ses marges de manœuvre dans un environnement international en pleine mutation.

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