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Retraités algériens en France : entre obligations bilatérales, pressions politiques et campagne de stigmatisation

Maglor - La question des retraités algériens résidant en France refait surface dans le débat public, attisée par des déclarations politiques récentes et la publication d’un rapport parlementaire. Au cœur de la polémique : l’application des accords franco-algériens de 1968 et de la convention de sécurité sociale de 1980, qui régissent le versement des pensions de retraite aux travailleurs algériens ayant cotisé dans les deux pays.

Des accords mal appliqués ?

Selon le député français Charles Rodwell, co-auteur d’un rapport sur l’impact économique des accords franco-algériens, l’Algérie ne remplirait pas toujours ses engagements financiers concernant les pensions dues à ses ressortissants. Il cite le cas d’un travailleur ayant effectué 40 ans de carrière, dont 20 ans en Algérie et 20 ans en France. Conformément à la convention de 1980, chaque pays doit verser une part proportionnelle de la pension. Toutefois, affirme Rodwell, l’Algérie ne paierait pas systématiquement sa part, obligeant la France à compenser par le biais de l’ASPA (allocation de solidarité pour les personnes âgées), ce qui représenterait un coût de plusieurs millions d’euros par an pour les finances publiques françaises.

Une récupération politique

Cette situation, relayée par certains responsables politiques, est devenue un argument de campagne pour l’extrême droite française. Celle-ci accuse les retraités algériens de bénéficier indûment du système social français, voire de fraude, en utilisant des cas isolés pour généraliser et alimenter un discours de défiance envers la communauté algérienne. Ces accusations, rarement étayées par des données officielles, s’appuient davantage sur des perceptions et un contexte de tensions identitaires que sur des analyses juridiques ou économiques rigoureuses.

Une stigmatisation ciblée

Plusieurs observateurs dénoncent une campagne de dénigrement visant à détourner l’opinion publique des véritables enjeux économiques et sociaux. En ciblant une population vieillissante, souvent vulnérable, certains acteurs politiques cherchent à remettre en question les accords internationaux régissant les droits acquis des travailleurs migrants. Or, ces conventions ont été établies dans un cadre bilatéral reconnu et restent juridiquement contraignantes pour les deux États.

Un débat nécessaire, mais à mener avec responsabilité

La question de l’actualisation des accords de 1968 peut légitimement être posée, dans un souci de transparence et d’équité réciproque. Cependant, ce débat doit être mené dans un cadre apaisé, respectueux des engagements bilatéraux et des droits fondamentaux des retraités, loin des discours populistes et des instrumentalisations politiques.

Conclusion

Les retraités algériens de France ne devraient pas être pris pour boucs émissaires dans un contexte politique tendu. Le débat sur les obligations réciproques de la France et de l’Algérie en matière de retraites mérite une approche constructive, fondée sur le droit international et le respect de la dignité humaine, plutôt que sur la stigmatisation et la division.

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