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France : le parcours chaotique de Mariam, 32 ans, toujours sans nationalité ni titre de séjour durable

Titre de séjour - Maglor

Maglor - Installée en France depuis l’âge d’un mois, Mariam, aujourd’hui âgée de 32 ans, vit dans une instabilité administrative persistante, malgré une vie entièrement passée sur le sol français. Née au Mali et arrivée en France en 1993, elle n’a jamais obtenu la nationalité française, ni de titre de séjour pérenne, malgré de nombreuses démarches entamées depuis sa majorité. Son cas illustre les failles d’un système administratif qui laisse des personnes intégrées et actives dans un état de précarité juridique permanent.

Une enfance et une vie entièrement françaises

Mariam a grandi, étudié et travaillé en France. Elle a suivi toute sa scolarité dans l’Hexagone jusqu’à l’obtention d’un baccalauréat professionnel, avant d’enchaîner plusieurs emplois dans le commerce et l’animation socioculturelle. Elle parle couramment français, n’a jamais quitté le territoire et n’a aucun lien réel avec le pays de sa naissance, quitté à l’âge de… un mois.

Pourtant, depuis ses 18 ans, toutes ses demandes de naturalisation ont été rejetées ou laissées sans réponse claire. Chaque tentative de régularisation n’a abouti qu’à l’obtention de récépissés ou de titres temporaires, la maintenant dans un statut incertain.

Un statut administratif précaire depuis plus de dix ans

Aujourd’hui, Mariam détient un simple récépissé de demande de titre de séjour, document provisoire renouvelable tous les quelques mois. À chaque échéance, elle redoute un refus ou un retard administratif pouvant entraîner la perte de ses droits sociaux et professionnels.

« Je vis dans l’angoisse à chaque renouvellement. Je ne peux pas me projeter, ni sur le plan professionnel, ni personnel », confie-t-elle. Cette précarité perdure depuis plus d’une décennie.

La seule de sa fratrie sans nationalité française

Dans un témoignage publié par Le Parisien le 26 octobre 2025, Mariam révèle être la seule, parmi ses frères et sœurs, à ne pas avoir obtenu la nationalité française. Tous sont naturalisés, alors qu’elle-même affirme avoir fourni à chaque fois les pièces exigées par l’administration.

Elle raconte les longues heures d’attente devant la préfecture de l’Essonne, entre 2011 et 2021, pour renouveler ses récépissés. « Je me sens comme la pestiférée de la famille », déclare-t-elle. Son sentiment d’injustice est d’autant plus vif que sa vie est identique à celle de ses frères et sœurs, tous reconnus comme Français.

Des démarches sans réponse et un dossier bloqué

Mariam a sollicité le ministère de l’Intérieur, des avocats, ainsi que des associations spécialisées dans le droit des étrangers. Aucune de ces démarches n’a abouti à une solution. Son dossier semble figé, sans explication officielle.

Elle insiste sur le fait que son cas n’est pas isolé. Plusieurs personnes arrivées très jeunes en France connaissent les mêmes blocages pour obtenir une naturalisation ou un titre de séjour stable, malgré leur intégration avérée.

Une question de droits fondamentaux

Après trente-deux ans de vie en France, Mariam s’interroge : « Je me sens française. Pourquoi me refuse-t-on ma place ici ? » Son parcours met en lumière les limites d’un dispositif administratif qui, malgré des critères précis, laisse certains résidents de longue date dans une zone grise juridique.

Sans statut stable, elle vit sous la menace constante d’une rupture de droits, malgré une insertion professionnelle, l’absence d’antécédent judiciaire et un parcours de vie typiquement français.

Un cas emblématique du débat sur la nationalité

Le cas de Mariam soulève une question de fond : comment un pays peut-il laisser dans l’incertitude des personnes qui y ont grandi, étudié, travaillé et construit leur vie, sans jamais leur offrir une reconnaissance juridique pleine et entière ?

Alors que le débat sur l’immigration et la naturalisation est au cœur de l’actualité politique, son histoire met en lumière la nécessité d’une réforme claire et humaine du système, pour éviter que des citoyens de fait restent étrangers dans le pays qu’ils considèrent comme le leur depuis toujours.

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